Après l’annonce unilatérale par le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) de la partition du Mali, le monde découvre, consterné, une nouvelle réalité qu’il a sciemment laissée gangrener au cours des dernières années au Sahel. Il n’est plus question uniquement de groupes de rebelles errant dans les étendues de rocaille et de sable, ou de groupes d’Aqmi isolés et sans appui. Au contraire, les développements rapides qui ont abouti à la prise du Nord Mali, ont montré que, bien qu’hétéroclites, ces groupes n’en sont pas moins bien organisés et bien armés. Kidal, Gao et Tombouctou, ces trois villes du Nord du Mali sont tombées en l’espace de quelques jours, sur un territoire grand comme une fois et demie la France.
C’est dire la capacité des groupes rebelles et leurs alliés jahidistes, à se déplacer avec une extrême rapidité et à se mouvoir avec aisance. Cela signifie aussi qu’ils disposent d’une logistique éprouvée et de relais locaux capables de leur fournir eau, carburant et vivres pour agir efficacement. D’autre part, la crise du Mali a montré que la prolifération des groupes armés et la multiplication des réseaux de trafiquants dans le Sahel, a été largement sous-estimée, aussi bien par les Etats de la région que par l’Occident. A cause des prises d’otages d’européens, les médias Occidentaux focalisaient leur attention sur Aqmi, formé essentiellement d’anciens du GSPC algérien, ou sur quelques groupes dissidents. Or, de nouveaux groupes inconnus ont subitement fait leur apparition comme le groupe jihadiste Ançar Eddine, ou le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Pourtant, les origines de cette prolifération des groupes terroristes ne sont pas inconnues. A la longue confrontation avec l’armée algérienne qui a repoussé les groupes jihadistes aux confins des frontières avec le Mali et le Niger, est venue s’ajouter l’écroulement du régime de Kadhafi. Il n’en fallait pas plus pour que toutes sortes de combattants et de mercenaires profitent du chaos libyen et quittent le pays en guerre les mains chargées d’armes ultramodernes.