La rébellion touareg gagne du terrain et promet de s’enfoncer dans le sud du mali. En trois jours de vendredi à dimanche, les touaregs ont pris le contrôle des villes de Kidal, Gao et Tombouctou. L’armée malienne forte de 7.350 hommes, 33 blindés et 16 avions de combat, a déserté ses bases laissant libre cours à l’avancée de la rébellion touareg qui compte tout au plus 4 ou 5000 hommes armés. La plupart des soldats et leurs officiers ayant déserté ou fait défection pour rejoindre la rébellion. Ceux qui sont restés loyalistes au régime d’Amadou Toumani Touré, évincé dans la nuit du 21 au 22 mars ou ont rallié la gente des insurgés, n’ont opposé aucune résistance aux hommes bleus du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
La rébellion a renforcé ses rangs par les combattants aguerris et armés jusqu’aux dents qui ont regagné le mali l’été dernier de retour du front libyen, où ils ont servi dans les troupes libyennes du colonel Kadhafi. Les rebelles ayant été ralliés par des officiers et soldats maliens dont Alhadji ag Gamou, un Touareg ex-rallié à ATT qui défendait la ligne du nord avant de faire défection avec 500 hommes, seraient dirigés par Mohamed Ag Najim, un ancien officier dans l’ex-armée libyenne. Après la prise de contrôle des trois importantes villes du nord du pays, les rebelles promettent de reprendre également la partie méridionale. La seule question à laquelle les observateurs sur place ne trouvent pas encore réponse en raison du climat de confusion et d’insécurité qui règne dans le pays, est de savoir si les touaregs ne sont pas en mèche avec les djihadistes d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) qui sévissent au nord du pays. La rébellion aurait reçu, selon certaines indiscrétions, l’appui discret de certains mouvements islamistes tels la milice salafiste d’Ansar Dine dirigée par Iyad Ag Ghaly ou le Mouvement Unicité Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), une branche dissidente des katibas salafistes d’Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens. Au sud, les putschistes impuissants et divisés, semblent déjà regretter leur coup de force contre le régime civil en place et craignent à présent, le pire avec l’arrivée du jour au lendemain, des forces rebelles à Bamako. Le chef de la gente des putschistes, Sanogo a non seulement proclamé ce dimanche, «l’engagement solennel de rétablir à compter de ce jour la Constitution (…) ainsi que les institutions républicaines », mais il a aussi proposé à toutes les forces vives du pays des négociations pour l’organisation d’élections libres et démocratiques. Le Mali se trouve aujourd’hui, à un pas de la partition comme ce fut le cas au Soudan et le grand gagnant dans ce cas de figure, n’est autre que la nébuleuse djihadiste d’Al Qaïda qui profite de la faiblesse des gouvernements en place que ce soit au Mali ou en Libye, pour étendre son influence dans toute la région.