A partir d’études sur les tendances à long terme de l’agriculture et de l’environnement, des chercheurs constatent depuis quelques années un reverdissement de Maradi et de Zinder, des régions densément peuplées du Niger. Ils l’attribuent notamment à une politique inédite de protection et de gestion de la régénération naturelle des arbres et des buissons.
A l’heure où cette politique « verte » semble porter ses fruits, des projets sont prévus pour étendre cette stratégie à d’autres régions du Sahel, générant ainsi l’espoir que la sécurité alimentaire de la région puisse enfin devenir une réalité tangible. Ceci aurait un impact crucial sur la sécurité de la zone, selon plusieurs experts en géostratégie, car la sécurité alimentaire de l’arc sahélien constitue un point noir qu’il convient d’adresser au plus vite pour permettre de réduire le risque de catastrophe humanitaire. Ceci est particulièrement important lorsque de larges pans de populations sont déplacés par les conflits dans la zone.
Or, il y a encore un quart de siècle, les exploitations agricoles du Niger ne comptaient en moyenne que 2 ou 3 arbres par hectare. Au milieu des années 1980, et alors que le pays traversait depuis pratiquement deux décennies des sécheresses successives et une grave crise environnementale, une organisation non gouvernementale intitulée ARI (African Re-Greening Initiative) a lancé le processus de reverdissement. Elle a offert aux agriculteurs une aide alimentaire durant deux années de sécheresse en échange de la protection de la régénération naturelle. Les résultats de ce procédé peu coûteux pour les agriculteurs parlent d’eux-mêmes. Au cours des 20 dernières années, 200 millions d’arbres ont poussé, portant la présence d’arbres par hectare d’exploitation agricole à 40, 60 et parfois à plus de 100. Le rendement de ce procédé est également supérieur à celui de tous les projets de plantation d’arbres au Niger, dont seuls 20% des 65 millions plantés ont survécu.
Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, les nouveaux espaces verts, dont la superficie est estimée à 5 millions d’hectares, procureraient 500 000 tonnes supplémentaires de céréales permettant de nourrir 2.5 millions de personnes supplémentaires, sans compter la mise à disposition de cette nouvelle richesse qu’est le bois et dont l’exploitation en tous genres rapporterait aux agriculteurs environ 25 millions de dollars US.
L’initiative ARI est actuellement à l’œuvre pour étendre ce succès au Mali et au Burkina Faso grâce à une sensibilisation des agriculteurs, des politiques mais aussi des médias nationaux et internationaux au potentiel du reverdissement.