Walid Abou Sahraoui, le porte-parole du MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) a confirmé que son organisation a obtenu une rançon de plus de 18 millions de dollars. Le pays qui l’a payée n’a pas été mentionné, mais elle a été versée contre la libération des trois otages européens enlevés en octobre dernier à l’intérieur des camps du front Polisario, dans l’ouest algérien. Ce versement relance le débat sur l’opportunité de ce choix, tant les rançons ont permis aux groupes extrémistes de se renforcer ces dernières années.
Dans les pays pauvres du Sahel, l’argent offert par les groupes extrémistes est un important facteur dans l’attractivité qu’ils exercent sur les jeunes, autant, sinon plus encore, que le facteur idéologique. La preuve en est l’intense campagne de recrutement à la quelle se livrent aujourd’hui Ansar Dine, le MUJAO et AQMI dans le Nord du Mali. La prise d’otages suivie du paiement de rançons est une pratique des plus lucratives. C’est pourquoi, pratiquement tous les pays reconnaissent volontiers que le paiement de rançons a pour conséquence première le renforcement du terrorisme. Mais pour de nombreux dirigeants occidentaux, cet argument est vite éclipsé par leurs opinions publiques qui attendent que leurs Etats mettent tout en œuvre pour la libération de leurs ressortissants à l’étranger, « à n’importe quel prix ».
Face à ce dilemme, il est étonnant de voir que plusieurs pays de la région qui s’opposent au paiement des rançons, sont ceux-là même qui refusent toute intervention pour déloger les groupes armés du Nord du Mali. Ceci, malgré les énormes risques de voir la zone entière se transformer en un « Sahelistan » ou de glisser imperturbablement vers une irrémédiable afghanisation.