Pour comprendre la crise profonde du régime en Algérie aujourd’hui, il faut remonter à l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, avec son impact désastreux sur l’Algérie, pays traditionnellement inféodé au bloc de l’Est. L’écroulement des régimes communistes s’est traduit par un vide politique et économique sans précédent, et Alger a été incapable de réagir à ces bouleversements de manière cohérente.
Aujourd’hui, l’Algérie en tant que pays créé au départ de la puissance coloniale française en 1962, est condamnée à être partagée comme l’ont été la Yougoslavie dans les années 1990 et la Tchécoslovaquie en 1992.
Confrontée actuellement à une grave crise économique, due à la mauvaise gestion et aux décisions politiques inconsidérées de la junte militaire, l’Algérie se trouve à un carrefour décisif de son histoire, où des décisions cruciales devront être prises pour répondre aux revendications qui émergent de diverses régions, un Etat Kabyle dans le nord et un autre Etat dans le sud, selon des experts occidentaux.
Au nord, des mouvements indépendantistes en Kabylie revendiquent une indépendance totale. Dans le sud, la région saharienne est le théâtre d’affrontements sporadiques entre l’armée algérienne et des groupes rebelles, ce qui a ravivé les aspirations autonomistes dans certaines communautés.
Au fil des décennies, la Kabylie, région située dans le nord de l’Algérie, dont les habitants sont principalement d’origine berbère, a exprimé des revendications en faveur d’une autonomie, voire la création d’un État kabyle indépendant.
Les activistes kabyles qui militent pour la reconnaissance de leur identité culturelle et de leur langue, le tamazight, ainsi que pour des droits politiques et d’autonomie, sont confrontés à la répression du régime militaire. Les arrestations, les poursuites judiciaires et l’interdiction des rassemblements et des manifestations, sont chose courante.
Les médias kabyles indépendants ou ceux qui traitent de questions kabyles font face à des restrictions, à la censure et à la répression de la part des services sécuritaires.
Pourtant, l’État kabyle est une réalité géo-historique avec son territoire, sa culture et ses 10 millions d’habitants. La République kabyle indépendante a existé avant la création de l’Algérie. C’est en 1857, soit 20 ans après le décret de création de l’Algérie française que la Kabylie a été annexée. Après la décolonisation en 1962 et une cohabitation forcée, les kabyles continuent à se soulever et à se révolter contre la domination du régime militaire à Alger.
« Le peuple kabyle est en passe de parachever une importante étape de sa marche vers la reconquête de sa liberté confisquée depuis le 24 juin 1857 à la bataille d’Icheriden. Désormais, il est décidé à reprendre par la paix ce qui lui a été arraché par la force. Ni la prison ni la guerre génocidaire que mènent les généraux algériens contre la nation kabyle ne pourront sauver leur domination coloniale sur la Kabylie », a annoncé le Président Ferhat Mehenni.
Président du gouvernement kabyle en exil et du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), Ferhat Mehenni, qui appelle à la décolonisation de la Kabylie et à son inscription sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU et de l’Union Africaine, avait pris part à une réunion onusienne sur les droits humains.
Quant aux affrontements dans le sud de l’Algérie, ils sont le reflet de plusieurs problématiques complexes, qui ont varié au fil du temps.
La région du sud de l’Algérie est caractérisée par une grande diversité ethnique et tribale, les arabes et les touaregs avec différentes communautés vivant dans la région.
Dans certaines parties du sud de l’Algérie, des groupes criminels et des trafiquants, sous la protection d’officiers algériens, ont prospéré en exploitant de vastes étendues de territoire peu peuplées.
Cela a entraîné des conflits avec les populations locales et d’autres groupes, tels les mouvements pour la libération et l’indépendance du Sud. Ces derniers affirment qu’ils ne bénéficient pas équitablement des ressources du pays. Ces revendications ont conduit à des affrontements avec les forces de sécurité algériennes.
Aujourd’hui, avec le cumul de décennies de frustrations et de répression de ces populations, le régime algérien se trouve confronté à une alliance entre les mouvements du sud de l’Algérie et ceux de l’Azawad au nord du Mali.