Ce qui n’était que des rumeurs est à présent confirmé : Areva ne lancera pas sa production d’uranium à Imouraren (Niger) avant la mi-2015, une annonce faite jeudi par Olivier Wantz, le Directeur général adjoint en charge de l’activité minière chez le géant français du nucléaire civil.
De report en report. Ces quelques mots peuvent résumer l’histoire du démarrage du projet Imouraren. Initialement, cette mine, considérée comme le deuxième gisement d’uranium à ciel ouvert à l’échelle mondiale et le plus important en Afrique de l’Ouest, devrait être exploitée depuis 2012. Mais, à cause de problèmes sécuritaires auxquels cette région est confrontée, dont, notamment, les enlèvements. Ce qui amène à penser aux sept salariés d’Areva, enlevé dans le nord du Niger et pris en otage il y a, à présent, trois ans par Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Tous ces facteurs poussent le groupe nucléaire tricolore à ajourner ce gigantesque projet : ainsi, sa dernière décision est de commencer « la production de minéraux de la mine d’Imouraren à la mi-2015 », a précisé M. Wantz devant la presse. Même si Areva le nie, ces reports lui coûtent quand même quelque chose. En effet, l’entreprise nucléaire avait consenti à verser une enveloppe de 35 millions d’euros (43 millions de dollars américains). De source officielle nigérienne, cette somme servait de contrepartie aux retards pris dans le démarrage du projet Imouraren. Une version démentie par le numéro 2 d’Areva : « les autorités nous ont demandé de soutenir les efforts de sécurité liés à nos activités …, cela n’a rien à voir avec les retards à Imouraren ».
En tout cas, ces retards constituent un manque à gagner pour Niamey. Imouraren devrait produire 5 000 tonnes d’uranium par an et, à lui tout seul, doubler la production nigérienne. Ce qui hisserait l’Etat ouest-africain au deuxième rang des producteurs d’uranium dans le monde.