Mali : Migrants expulsés, drone abattu, l’Algérie attise la crise au Sahel

Samedi 12 avril, à Bamako, environ un millier de personnes se sont rassemblées samedi dans un centre de conférences de la capitale, à l’appel du Conseil national de la Jeunesse du Mali (CNJ), pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une « agression de l’Algérie ». Une mobilisation qui s’inscrit dans un climat de vives tensions diplomatiques entre les deux pays voisins.

Les manifestants, en majorité des jeunes, ont exprimé leur soutien aux autorités maliennes, accusant Alger d’avoir abattu un drone de l’armée malienne sur le territoire national, un acte que Bamako qualifie de violation grave de sa souveraineté.

Mardi dernier, une centaine de jeunes avaient manifesté devant l’ambassade d’Algérie à Bamako pour protester contre ce qu’ils appellent « les agissements hostiles d’Alger ».

Depuis le 1er avril, le gouvernement malien accuse l’Algérie d’avoir délibérément détruit un drone militaire malien opérant à l’intérieur des frontières du pays. Selon les autorités, les conclusions de l’enquête menée à Bamako pointent « une action hostile préméditée du régime algérien », qualifiant l’acte de provocation directe.

Le discours officiel est allé jusqu’à accuser l’Algérie d’être devenue « une base militaire pour la rébellion et le terrorisme international », notamment dans les zones frontalières du nord du Mali, en proie à une insécurité persistante.

Ces accusations s’inscrivent dans une dégradation continue des relations entre Bamako et Alger.

Plus récemment, une campagne de rapatriement massif de migrants maliens vivant en Algérie a contribué à envenimer davantage la situation. Selon des sources sur place, des centaines de ressortissants maliens ont été arrêtés, embarqués de force et transférés vers un camp de rétention près de la frontière nigérienne, dans des conditions qualifiées de « dégradantes » par plusieurs ONG.

Pour de nombreux observateurs, cette vague d’expulsions de migrants maliens s’apparente à une mesure de rétorsion à l’égard de Bamako.

La question migratoire semble ainsi se transformer en instrument de pression diplomatique, dans un contexte où la coopération régionale est pourtant cruciale pour lutter contre les groupes armés qui sévissent dans le Sahel.

Les défenseurs des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Ils dénoncent l’instrumentalisation de populations vulnérables à des fins politiques, dans une région marquée par une instabilité chronique, des crises humanitaires récurrentes et la montée des violences jihadistes.

Depuis 2012, le Mali est en proie à une crise sécuritaire profonde, alimentée par les agissements de groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ainsi que par des rapatriement massif de migrants maliens intercommunautaires de plus en plus meurtriers.