Le limogeage du Premier ministre Nadir Larbaoui, remplacé par le ministre de l’Industrie Sifi Ghrieb à titre intérimaire, marque un nouvel épisode dans la lutte de pouvoir qui secoue les hautes sphères algériennes.
Derrière l’annonce officielle de la présidence, c’est un bras de fer qui se joue entre Abdelmadjid Tebboune, le directeur du cabinet Boualem Boualem et l’omnipotent chef d’état-major, le général Saïd Chengriha.
Le général Chengriha, lui, reste solidement campé au cœur du dispositif, maître incontesté de l’appareil militaire et sécuritaire avec un budget personnel dépassant les 1.3 milliards de dollars par an, selon un responsable du département des affaires financières qui gère le budget de l’armée algérienne.
Prisonnier d’un système verrouillé par les militaires, Tebboune a longtemps endossé le rôle d’un chef d’Etat réduit à des apparitions protocolaires sous la surveillance des services de sécurité. Mais ces derniers mois, le président a multiplié les signaux d’une volonté de reprendre la main.
Selon plusieurs sources, Tebboune aurait même envisagé d’écarter Chengriha, dont l’ingérence dans les affaires de l’Etat, qu’elles soient intérieures ou extérieures, est dénoncée jusque dans les cercles du pouvoir civil.
Mais l’état-major, fort de ses réseaux sécuritaires et de son appareil de renseignement, a immédiatement verrouillé la situation. Chengriha a non seulement déjoué toute tentative d’éviction, mais il a consolidé son emprise, réduisant encore la marge de manœuvre du président.
En s’attaquant à Larbaoui, Tebboune cherche à frapper indirectement le général et à envoyer un message : il refuse de rester une simple marionnette aux mains de l’armée.
Pourtant, beaucoup doutent de la portée réelle de ce geste. Car en Algérie, le véritable pouvoir ne réside pas à la présidence, mais au sein d’un état-major qui s’est érigé en gouvernement parallèle, dirigeant le pays à coups de décisions opaques et d’intrigues de caserne.
Le limogeage de Larbaoui ne suffira pas à briser ce système. Pour l’heure, Tebboune n’a fait qu’esquisser une résistance symbolique.
