Lundi dernier, dans un entretien diffusé par la radio publique nigérienne, le ministre nigérien des Affaires étrangères Mohamed Bazoum a laissé entendre qu’il ne mettrait pas en œuvre la fiscalité de 2006 pour éviter aux sociétés qui exploitent l’uranium de fermer. La déclaration marque un fléchissement dans les négociations entre le gouvernement nigérien et le groupe français Areva, même si le ministre précise que si un accord doit être conclu, il ne le sera pas sur la base de la loi de 1993 comme le souhaite Areva.
Le code minier à appliquer est le cœur du différend entre le Niger et Areva. Niamey se réfère au Code minier de 2006 qui prévoit un alourdissement des impôts, taxes et redevances minières tandis que le groupe nucléaire français réclame l’application de la loi minière de 1993 qui plafonnerait la redevance minière à 12%.
La raison du fléchissement du gouvernement se trouve dans la baisse des cours de l’uranium dont le prix est tombé à 34 dollars la livre, un point bas atteint en juillet 2013. Et malgré une timide reprise de la construction de réacteurs nucléaires dans le monde, 68 au total, les perspectives du marché de l’uranium à court terme ne sont pas bonnes. En cause principalement l’arrêt par le Japon de ses 54 réacteurs nucléaires pour maintenance et renforcement des barrières de sécurité après l’accident nucléaire de Fukushima en mars 2011 mais également la baisse de la demande allemande qui aura fermé toutes ses centrales d’ici à 2022. Le Niger souffre également de la concurrence apportée par l’ouverture programmée de mines au Canada et les productions de l’Australie et du Kazakhstan.
Dans ce contexte, Niamey pourrait bien se voir contraint de revoir ses ambitions à la baisse de manière à permettre à Areva de continuer à investir. Le directeur général-adjoint chargé du secteur des mines Olivier Wantz négocie actuellement à Niamey où il a eu lundi une longue séance de travail avec les responsables du ministère nigérien des mines.