La catastrophe de dimanche dernier, avec environ 400 personnes qui seraient mortes dans le naufrage en Méditerranée d’une embarcation de fortune partie des côtes libyennes, a rappelé la situation alarmante des migrants installés en Libye. Pire, les catastrophes de ce genre semblent gagner en ampleur, et ce dans l’indifférence quasi-générale.
Bien que son urgence ne soit plus à démontrer, la situation des migrants libyens est difficile à jauger. Les ONG et les ambassades ayant quasiment déserté le pays à cause des affrontements entre les différentes factions qui se disputent le pouvoir depuis la Révolution de 2011, le nombre de migrants en Libye est très difficile à estimer. L’UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés) avait avancé en août 2014 le nombre de 37 000 personnes enregistrées à Tripoli et Benghazi, venant pour la plupart de la Somalie, de l’Ethiopie et de l’Erythrée. Pour ces candidats à l’immigration européenne, la Libye n’est souvent, ou du moins n’était censé être, qu’une terre de transit. Mais devant la fermeture des frontières européennes, ces migrants se retrouvent pris au piège par le conflit dans le pays, confrontés aux affrontements entre deux gouvernements rivaux et la menace de l’organisation de l’Etat islamique qui souhaite consolider sa présence dans la région. La FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme) dénonce des conditions de vie dégradantes, des arrestations arbitraires, des violences physiques et psychologiques, le travail forcé, en plus dur racisme d’une partie de la population.
Pour ceux qui tentent malgré tout la traversée de la Méditerranée, celle-ci se révèle encore plus dangereuse. Le gouvernement italien a décidé à l’automne 2014 de renoncer à l’opération de sauvetage Mare Nostrum, qui aurait permis de sauver 100 000 personnes selon l’ONG Human Rights Watch, pour la remplacer par l’opération de surveillance des frontières maritimes Triton. Mais ce réaménagement ne semble pas avoir découragé les candidats à l’immigration européenne.