Libye : le gouvernement reconnu par la communauté internationale accusé de violations de droits de l’Homme

Après un travail d’investigation de plusieurs mois, l’ONG Human Rights Watch a révélé aujourd’hui des détentions arbitraires généralisées, des actes de torture et d’autres mauvais traitements dont se sont rendus coupables le gouvernement internationalement reconnu de la Libye et ses forces alliées dans les lieux de détention qu’ils contrôlent dans l’est du pays.

Ces constatations interviennent après des visites organisées, et autorisées officiellement, par l’ONG entre janvier et avril 2015 dans trois centres de détention à al-Bayda et à Benghazi contrôlés par l’armée libyenne et par les ministères de la Justice et de l’Intérieur. Human Rights Watch a pu y avoir des entretiens avec 73 détenus, sur 450, en dehors de la présence de gardiens. Parmi eux, 35 ont déclaré qu’ils avaient été torturés lors de leur arrestation, pendant l’interrogatoire, ou pendant leur détention. Trente et un ont affirmé que les interrogateurs les ont forcés à « avouer » des crimes, quatre ont déclaré que les autorités ont ensuite diffusé leurs « aveux » à la télévision, conduisant à des attaques de représailles contre leurs familles. Au moins deux prisonniers seraient décédés suite à la torture. Tous les détenus interrogés ont déclarés ne pas avoir eu accès à des avocats, ni comparu devant un juge, ni avoir été accusés formellement en dépit de nombreux mois de détention. Ils ont fait état d’autres abus, notamment le manque de soins médicaux, le refus de visites familiales, le manque de notification des familles au sujet de leur détention et de mauvaises conditions de détention. Parmi les détenus figuraient des mineurs âgés de moins de 18 ans.

Pour Human Rights Watch, les détentions arbitraires et les actes de torture sont des crimes de guerre et, quand ils sont commis de manière généralisée ou systématique dans le cadre d’une politique de l’Etat ou organisationnelle, peuvent constituer des crimes contre l’Humanité. Ils exposent les ministres du gouvernement libyen, les commandants militaires et les directeurs de prison à des enquêtes et des poursuites internationales.