Le porte-parole de la présidence nigériane a annoncé hier lundi la décision de Muhammadu Buhari de limoger des hauts responsables de l’armée. Le chef d’état-major des armées, les chefs de l’armée de terre, de l’air et de la marine ont ainsi été remerciés, remplacés dans la foulée par d’autres officiers.
Le général Kenneth Minimah, à la tête de l’armée de terre, Adesola Amosu, patron de l’armée de l’air et Usman Jibrin, qui dirigeait la marine, avaient tous été nommés par l’ancien président Goodluck Jonathan en janvier dernier. Le chef d’état-major des armées, Alex Badeh, et le conseiller national pour les questions de sécurité, Sambo Dasui, ont également été remplacés. Ce renouvellement du sommet de l’appareil sécuritaire nigérian est censé donné corps au changement que le président Buhari souhaite apporter dans la lutte contre Boko Haram dont il a fait sa principale priorité. Son incapacité à éradiquer ce fléau terroriste avait valu au précédent président de vives critiques pendant son mandat. Et l’urgence d’agir s’impose de plus en plus au nouveau président. Depuis sa prise de fonctions le 29 mai dernier, quasiment pas une semaine ne passe sans que le pays en soit frappé par des attentats-suicide dont le dernier a eu lieu hier lundi en périphérie de la ville de Maiduguri. Ils ont fait au total 570 morts pour le seul mois de juin.
Depuis six ans maintenant, l’insurrection islamiste de Boko Haram a fait plus de 15 000 morts et un million et demi de personnes déplacées. L’armée nigériane, loin de stopper cette menace, fait preuve de trop de zèle dans ses efforts de répression. L’ONG Amnesty International lui a reproché dans un rapport paru en juin de s’être livrée à des « crimes atroces » dans le cadre de sa lutte contre le groupe armé. Les forces armées nigérianes auraient ainsi « une part de responsabilité dans la mort de plus de 8 000 personnes ».