Après l’accord de principe donné pour la levée de l’embargo sur les armes à la Libye, la communauté internationale se trouve devant le choix difficile de fournir des armes qui risquent de tomber entre les mauvaises mains, alors que le gouvernement d’union soutenu par l’ONU peine à étendre son autorité sur le reste du pays.
La Libye est aujourd’hui morcelée entre deux pôles de pouvoirs rivaux, l’un à Tripoli, l’autre à Tobrouk dans l’Est, en plus d’une myriade de groupes armés, dont l’organisation terroriste de l’Etat Islamique qui occupe la ville de Syrte, dans le Centre.
Aujourd’hui, si le gouvernement d’union basé à Tripoli a réussi à rallier certaines villes de l’ouest, l’autorité du premier ministre désigné Fayez al-Sarraj reste purement virtuelle, voire contestée dans d’autres régions. C’est le cas en particulier de la Cyrénaïque où le général Khalifa Haftar, depuis la deuxième ville du pays Benghazi, pose un véritable défi au gouvernement d’union soutenu par les occidentaux.
A la tête d’unités bien structurées, le controversé mais néanmoins puissant général Haftar a même entrepris de marcher sur la ville de Syrte, bastion de l’EI sur la côte méditerranéenne, à mi-chemin entre Triploli et Benghazi. Le général Haftar bénéficie paradoxalement de l’aide militaire discrète des occidentaux qui le considèrent comme une carte importante pour défaire Daech.
Cette duplicité des capitales occidentales est critiquée par de nombreux observateurs, pour qui le soutien au général Haftar retarde la consolidation du pouvoir du gouvernement d’union dirigé par Fayez al-Sarraj.
Les critiques taclent surtout la tendance des pays occidentaux à traiter le chaos libyen à travers une vision à court terme. Une approche hantée essentiellement par les craintes de reprise des vagues de l’immigration clandestine au départ des côtes libyennes vers l’Europe.
Il s’agit plutôt, estiment les observateurs, de focaliser les efforts sur le rétablissement des structures étatiques, la reprise des exportations du pétrole pour renflouer les caisses de l’Etat et la consolidation de la réconciliation nationale.