L’attaque armée dont est sorti indemne, lundi à Tripoli le chef du gouvernement d’Union Nationale (GNA), Fayez Al Sarraj est-elle l’illustration de la situation extrêmement tendue qui perdure en Libye ou bien cache-t-elle le passage à la liquidation des personnalités politiques ?
Le convoi du chef du GNA Fayez Al Sarraj et du président du Conseil d’Etat Abderrahmane El Swehli a essuyé des tirs lors de son passage près du secteur d’Abou Slim à Tripoli. Les deux responsables ont probablement dû leur salut au fait que toutes les voitures du convoi étaient blindées. Une enquête a par ailleurs été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cette attaque armée.
Les affrontements entre milices rivales sont fréquents dans la capitale libyenne, où le GNA soutenu par la communauté internationale peine à imposer son autorité. Mais c’est la première fois depuis son entrée en fonction que le Premier ministre Fayez Al Sarraj est ciblé directement par une attaque armée.
Pour les observateurs, si après enquête il s’avère effectivement que les tirs visaient le chef du gouvernement libyen, cela pourrait fortement impacter les discussions de paix qui sont actuellement menées sous la pression de l’Egypte et de l’Algérie, lesquelles soutiennent le maréchal controversé Khalifa Haftar.
Deux autorités politiques se disputent actuellement le pouvoir en Libye. D’un côté, le gouvernement d’Union Nationale, qui siège à Tripoli, de l’autre l’Armée Nationale de Libération (ANL) qui contrôle une grande partie de l’Est Libyen et s’appuie sur le Parlement de Tobrouk.
Ce dernier compte sur le maréchal Haftar, proche de l’ANL, et qui enchaîne les victoires militaires depuis plusieurs mois. Cette situation a induit un changement de rôle, puisque désormais le GNA n’est plus la seule entité politique soutenue par la communauté internationale. L’ANL a également reçu le soutien de plusieurs pays comme la Russie ou l’Egypte. Cette attaque armée pourrait donc être une conséquence indirecte de ce contrebalancement des pouvoirs.