En l’espace de quatre jours, plusieurs centaines de migrants clandestins ont réussi à forcer les frontières grillagées qui séparent le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta, située dans l’extrême nord du Royaume chérifien, avec l’entrée de quelque 300 subsahariens tôt lundi matin.
La frontière autour de cette enclave espagnole située en Afrique, et toujours revendiquée par le Maroc, est une zone de tensions depuis plusieurs années. Les autorités marocaines en collaboration avec l’Espagne et l’Union Européenne (UE), ont considérablement augmenté les mesures de sécurité afin d’endiguer les tentatives des migrants de passer en territoire européen.
Pendant plusieurs années, les forces de l’ordre marocaines ont réussi à endiguer le flux migratoire. Une aubaine pour les espagnols qui étaient submergés par les demandes d’asile des migrants subsahariens. Néanmoins, depuis quelques semaines, les autorités espagnoles assistent impuissantes à une recrudescence des incursions de migrants clandestins au niveau de l’enclave espagnole de Ceuta.
Cette situation qui ne doit rien au hasard, trouve probablement sa source dans le différend qui oppose Rabat à Bruxelles sur l’accord agricole bilatéral. Ce dernier est contesté par le Front Polisario qui, avec le soutien de l’Algérie, revendique l’indépendance des territoires du Sahara dans le sud du Maroc. L’UE tarde à relancer entièrement cet accord commercial avec le Maroc après une suspension temporaire.
Le Royaume avait appelé le 6 février dernier, les européens à faire part de fermeté pour « neutraliser » toute tentative visant à casser l’accord agricole en question. Toute entrave à l’application de cet accord représente une atteinte directe aux emplois au Maroc ainsi « qu’un véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d’un effort soutenu, a réussi à gérer et à contenir », avait indiqué Rabat dans communiqué officiel.
D’après les observateurs, ce message subtile s’apparente fortement à une mise en garde, dont le but n’est autre que de menacer l’UE de lâcher les hordes de migrants subsahariens massées dans les forêts du nord du Maroc dans l’attente de forcer le passage dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Mellilia.