Les sénateurs mauritaniens ont rejeté vendredi dernier le projet de révision constitutionnelle voulue par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, un revers pour le chef d’Etat mauritanien qui devrait compliquer ses relations avec l’opposition hostile à la révision de la Constitution.
Sur les 56 sénateurs présents vendredi, 33 d’entre eux ont rejeté la mise en œuvre de la révision constitutionnelle, dont le projet a pourtant été adopté une semaine plus tôt par l’Assemblée Nationale. Ce texte, très critiqué par l’opposition, prévoyait de mettre en place de nombreuses mesures au risque de changer drastiquement le mode de fonctionnement de la République Islamique.
Il s’agissait notamment de la suppression de plusieurs institutions étatiques importantes telles que la Haute Cour de Justice, le médiateurs de la République et le Haut Conseil Islamique. Ce projet controversé prévoyait également le changement du drapeau mauritanien et la suppression pure et simple du Sénat.
C’est d’ailleurs probablement cette dernière mesure qui a déplu aux sénateurs. Les observateurs estiment que le vote négatif au Sénat est complètement justifié puisque les sénateurs ne peuvent, en bonne conscience, pas signer pour leur propre mise à l’écart.
L’opposition politique, représentée principalement par le Forum National pour l’Unité et la Démocratie (FNUD), une coalition de quinze partis, avait en effet appelé les sénateurs à refuser de « signer leur propre arrêt de mort ». Un appel qui a été suivi par la majorité des élus mauritaniens et qui défait de facto le projet concocté par le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Désormais, la seule option qui reste au chef d’État mauritanien est de faire passer ce projet par voie référendaire. Une initiative qui n’est pas sans risque puisque, si le projet est également rejeté par la population, cela affaiblirait considérablement le pouvoir du président et pourrait même constituer une menace pour la stabilité de son régime.