La France, impliquée depuis des années dans l’Afrique, cherche des partenaires européens pour l’envoi des forces spéciales au Sahel.
Au Mali, la stratégie militaire française repose sur deux volets, expliquait en juin le chef d’état-major français, le général François Lecointre : affaiblir les groupes jihadistes de manière à « les mettre à hauteur des forces armées maliennes (FAMa) qui doivent pouvoir les affronter seules ou en tout cas moins accompagnées par la force (antijihadiste française) Barkhane », tout en les faisant monter en puissance afin de soulager l’armée française « et avant d’envisager, à plus long terme, notre retrait ».
Or, malgré les efforts de formation militaire déployés à la fois par l’Union européenne (European Union Training Mission-EUTM) et Barkhane, l’armée malienne reste une cible fragile.
Les attaques en début de semaine des camps maliens de Mondoro et Boulkessy, dans une zone stratégique de trafics et d’influence jihadiste aux confins du Mali, du Niger et du Burkina, sont les plus meurtrières pour l’armée malienne depuis mars, quand l’attaque d’un camp à Dioura (centre) avait fait près de trente morts.
L’attaque de deux camps militaires maliens par des jihadistes s’est soldée par l’un des plus lourds bilans depuis des mois pour les forces gouvernementales et leurs alliés africains.
Des médias locaux ont fait également état d’une vingtaine de véhicules capturés par les jihadistes, dont certains équipés de mitrailleuses.
Selon un rapport de l’armée consulté par l’AFP, deux hélicoptères de l’armée et une dizaine de véhicules ont été incendiés par les jihadistes à Boulkessy. Le camp a été détruit.
La ministre française des Armées Florence Parly a évoqué en juin, en appelant de ses voeux l’envoi de forces spéciales européennes au Sahel pour épauler les efforts des 4.500 militaires français de Barkhane, dont quelques centaines de forces spéciales.
« Il faut accompagner les forces armées sahéliennes après les avoir formées. Si les Européens, qui sont directement concernés, ne le font pas, qui le fera? », avait-elle lancé.
De source proche du dossier, les missions de cet agrégat de forces spéciales, baptisé CJSOTF (Combined joint special operations task force), seraient comparables à celles des équipes d’instructeurs OMLT (Operational Mentoring Liaison Team) qui oeuvraient en Afghanistan.
Le défi de la mission envisagée ne se limite pas au Mali. Au Burkina Faso voisin, où se sont propagées les violences, les forces de sécurité sont pour l’heure incapables d’enrayer l’avancée des jihadistes, qui les prennent régulièrement pour cible.