Les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et poussé à la démission le président Ibrahim Boubacar Keïta ont annoncé dans la nuit de mardi à mercredi vouloir mettre en place une « transition politique civile » devant conduire à des élections générales dans un « délai raisonnable ».
« Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire », a déclaré celui qui a été présenté comme le porte-parole des militaires, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air.
« Notre pays, le Mali, sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée », a accusé l’officier.
Il a dénoncé le « clientélisme politique » et « la gestion familiale des affaires de l’Etat », ainsi que la « gabegie, le vol et l’arbitraire », une justice « en déphasage avec les citoyens », une « éducation nationale qui patauge » ou encore des massacres de villageois, le « terrorisme et l’extrémisme ».
« La société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour, ensemble, créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau », a ajouté le colonel-major.
« La (mission de l’ONU) Minusma, la force (anti-terroriste française) Barkhane, le G5 Sahel (qui regroupe cinq pays de la région), la force Takuba (un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat) demeurent nos partenaires », a-t-il également affirmé.
« Tous les accords passés » seront respectés, a-t-il déclaré, en affirmant que les militaires étaient « attachés au processus d’Alger », l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays.
« Nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes », a également dit Ismaël Wagué.
Le Président Ibrahim Boubacar Keita, et son Premier ministre, Dr Boubou Cissé, ont été arrêtés. Le Chef d’état major de la Garde nationale, son Directeur administratif et financier (DAF) ainsi que le Président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné seraient, aussi, entre les mains des mutins, ainsi que les ministres de l’Economie et des Finances Abdoulaye Daffé et des Affaires étrangères, Tieblé Dramé.
Aux dernières nouvelles, le Ministre de la Défense le Général Ibrahima Dahirou Dembele est aux arrêts par les mutins. Le Chef d’état major Général serait aussi arrêté par le Groupement d’intervention de la garde nationale.
A la tête de la mutinerie, le colonel Sadio Camara, ex-directeur du Prytanée militaire de Kati qui revient d’une formation en Russie et le Colonel Diaw de la Région militaire de Kati.
Par ailleurs, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a noté avec une très grande préoccupation la prise de pouvoir par des militaires putschistes maliens. La CEDEAO avait engagé un processus de médiation depuis plus de deux mois en vue de trouver une solution à la crise politique malienne.
Le Mali traverse, depuis quelques mois, une crise sociopolitique qui a vu des opposants réunis au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), demander, entre autres, la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et de son Premier ministre, Boubou Cissé.