C’est une information qui a fait le tour du monde, et pourtant les algériens ont tout simplement préféré regarder ailleurs, car Adnan Abou Walid al-Sahraoui, le chef du groupe terroriste Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), tué jeudi à la frontière entre le Mali et le Niger, était un pur produit des services de renseignements militaires algériens.
Forgé à la guerre asymétrique sur les pistes sablonneuses du Sahara depuis qu’il était encore un jeune loup dans les rangs du polisario, Adnan Abou Walid al-Sahraoui est passé par tous les camps d’entraînement militaires en Algérie, avant de voler de ses propres ailes en organisant des attaques terroristes au Mali et au Sahel.
Dès le départ, Lehbib Ould Ali Ould Saïd, alias Adnan Abou Walid al-Sahraoui, a été initié à l’action au sein des groupes djihadistes manipulés par les officiers du DRS algérien.
Avec plusieurs autres jeunes fougueux du Front séparatiste polisario, le futur chef djihadiste a été instruit à la stratégie de la tension permanente. L’encadrement était assuré par des officiers de la sécurité militaire.
La première apparition d’Adnan Abou Walid Sahraoui avait eu lieu au mois d’octobre 2011, lorsque le MUJAO avait revendiqué l’opération d’enlèvement de trois travailleurs humanitaires européens (2 Espagnols et une Italienne) dans les camps du polisario à Rabouni.
A l’époque, Adnan Abou Walid al-Sahraoui lui-même revendique le versement d’une « rançon considérable » de 15 millions d’euros pour leur libération en juillet 2012. Ceci confirme que les camps du polisario à Tindouf sont devenus des viviers de radicalisation et de recrutement de combattants terroristes pour le compte des organisations terroristes en zone sahélienne.
Il faut attendre l’année 2012, avec l’occupation du Nord du Mali par les djihadistes, pour retrouver Adnan Abou Walid al-Sahraoui à la tête du MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest). Sa stratégie a consisté à multiplier les attaques contre des casernes souvent isolées tenues par des troupes mal approvisionnées dans des régions désertiques. Il a par la suite élargi sa présence au Niger et au Burkina Faso voisins, menant des attaques terroristes contre des civils et des humanitaires occidentaux.
En créant l’EIGS en 2015 et en proclament son allégeance à l’État islamique, Adnan Abou Walid al-Sahraoui commence à voir grand. En octobre 2017, il commet l’irréparable en tendant une embuscade qui a coûté la vie à des soldats nigériens et d’autres militaires américains, près de Tongo Tongo au Niger.
Avec cette attaque, il devient l’un des jihadistes les plus recherchés de la planète, sa tête étant mise à prix par Washington à 5 millions de dollars.
Depuis, des séries d’attaques de ce groupe contre des camps militaires nigériens, maliens et burkinabè dans la zone des « trois frontières », ont fait des centaines de morts.
Devenu l’homme à abattre, Abou Walid al-Sahraoui était depuis lors pourchassé partout et ne pouvait plus échapper à sa fin de terroriste traqué. Repéré en août dans le Nord du Mali alors qu’il se dirigeait avec d’autres djihadistes vers la frontière nigérienne, il a été éliminé dans une frappe aérienne.