Quelques jours après avoir officiellement pris ses distances avec les autres mouvements terroristes qui occupent avec lui le Nord du Mali depuis le printemps dernier, le groupe islamiste Ansar Dine a annoncé qu’il renonçait à appliquer la charia sur l’ensemble du territoire malien. Cette déclaration désamorce un peu plus la tension dans la région alors que l’intervention militaire des forces de la CEDEAO s’annonce imminente.
La déclaration a été faite mercredi par Hamada Ag Bibi, un membre de la délégation d’Ansar Dine à Ouagadougou. Toutefois, il précise que son mouvement a l’intention d’appliquer la charia dans la région qu’il contrôle, à Kidal, dans le nord-est du Mali. Ces bonnes dispositions élargissent la voie du dialogue que les dirigeants de la CEDEAO, malgré leur détermination à voir rétablies la souveraineté, l’intégrité territoriale et la laïcité du Mali, avaient laissée ouverte. Ansar Dine se dit également disposé à lutter de concert avec les autorités de Bamako contre le terrorisme, le trafic de drogue et les mouvements étrangers. Le repositionnement plein de stratégie d’Ansar Dine est également apprécié par la rébellion touarègue du MNLA qui devrait, selon un de ses hauts responsables, Mossa Ag Attaher, engager dans les prochains jours des discussions formelles avec Ansar Dine. Ainsi, il apparaît clairement que la validation de l’envoi des forces de la CEDEAO mardi par l’Union Africaine, a déjà eu le mérite d’avoir considérablement fait progresser la situation.
Si les évènements se maintiennent dans cette tournure, les forces de la CEDEAO ne devraient plus s’opposer qu’aux islamistes du MUJAO et d’AQMI, considérés comme terroristes et avec qui il n’a jamais été question de négocier. Même si elles ne sont pas disposées à prendre part aux opérations militaires, la Mauritanie et l’Algérie envisagent de fermer leurs frontières pour prévenir un repli sur leur sol des islamistes armés. Au final, les groupes islamistes pourraient ainsi se retrouver pris au piège.