Turquie : L’Alliance des Etats du Sahel affiche son ambition d’intégration régionale lors du Forum diplomatique d’Antalya

L’avenir de l’intégration régionale au Sahel s’est invité au cœur des débats de la 4ᵉ édition du Forum diplomatique d’Antalya, ouverte vendredi sous la présidence du chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdogan. Un panel de haut niveau, organisé samedi, a mis en lumière la trajectoire ascendante de la Confédération des États du Sahel (AES), née en juillet 2024 de l’alliance entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, accompagné de ses homologues nigérien Bakary Yaou Sangaré et burkinabè Karamoko Jean-Marie Traoré, a défendu les fondements et les avancées de cette union régionale construite sur trois piliers : défense, diplomatie et développement.

Revenant sur la genèse de l’AES, M. Diop a rappelé que l’Alliance des États du Sahel avait vu le jour en septembre 2023, avant d’évoluer vers une confédération sous l’impulsion des présidents Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger).

« Nous voulons sortir de la dépendance pour assurer nous-mêmes la sécurité de nos pays », a-t-il déclaré, insistant sur la volonté des trois États de bâtir un avenir fondé sur la souveraineté et la solidarité régionale.

Sur le plan sécuritaire, le chef de la diplomatie malienne a salué les progrès réalisés, soulignant que les armées des trois pays « travaillent ensemble comme une seule armée », avec en perspective la création d’une force intégrée.

Balayant les critiques sur une supposée détérioration de la situation sécuritaire depuis le retrait des forces internationales, Abdoulaye Diop a affirmé que le Mali contrôle aujourd’hui davantage de son territoire qu’à l’époque de la MINUSMA. « Cela ne signifie pas que le terrorisme est éradiqué, mais nous constatons une amélioration qualitative », a-t-il assuré.

Le ministre a par ailleurs dénoncé les embargos sur les équipements militaires imposés par certaines puissances occidentales, affirmant que les armées de l’AES sont « prêtes à remplir leur mission », à condition d’avoir les moyens nécessaires. Il a salué à cet égard les partenariats stratégiques noués avec la Turquie, la Chine et la Russie.

Au-delà des enjeux sécuritaires, les ministres ont évoqué les ambitions économiques de la Confédération, notamment la mise en place d’un espace commun de libre circulation des personnes et des biens. Des projets intégrateurs dans les domaines ferroviaire, énergétique et industriel sont également en gestation.

« Notre objectif est de promouvoir la paix, la stabilité et le développement dans une dynamique fraternelle avec les autres pays d’Afrique de l’Ouest », a précisé M. Diop, tout en réaffirmant l’ouverture de l’AES à des partenariats respectueux de la souveraineté des États.

Par ailleurs, le ministre malien n’a pas manqué d’interpeller la communauté internationale, pointant particulièrement du doigt l’inaction des Nations unies face à la menace terroriste dans la région. « Que nous ont apporté les Nations unies en dix ans pour lutter contre le terrorisme ? Rien », a-t-il lancé avec véhémence.

Ce panel au Forum d’Antalya a offert une tribune aux dirigeants sahéliens pour réaffirmer leur volonté de construire une région soudée, autonome et tournée vers l’avenir. Une intégration par le bas, mais avec des ambitions clairement affichées sur le plan régional comme international.