Sotchi : La Russie renforce ses liens avec l’Afrique dans un contexte de défi à l’Occident

Le Kremlin va mettre en avant sa vision d’un « monde multipolaire » lors d’une conférence ministérielle consacrée au partenariat entre la Russie et l’Afrique, qui se déroulera à Sotchi, dans le sud de la Russie.

L’événement réunira des responsables de près de 50 pays et s’inscrit dans la volonté de Moscou de marquer sa présence face à l’Occident.

Cette rencontre prévue fin de semaine, survient après le sommet des BRICS en octobre à Kazan, où Vladimir Poutine avait tenté de prouver l’échec de la stratégie occidentale d’isolement et de sanctions, imposée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.

Depuis plusieurs années, la Russie, qui a été un acteur majeur en Afrique durant la période soviétique, renforce son influence dans les pays africains qui n’ont pas adhéré aux sanctions occidentales contre Moscou. 

Des groupes de mercenaires russes tels que Wagner, ou son successeur Africa Corps, soutiennent des régimes locaux, et des « conseillers » russes œuvrent auprès de dirigeants africains, en particulier en Algérie, en Centrafrique et dans les pays du Sahel, où la Russie a pris de l’ampleur au détriment de la France.

En 2023, la Russie a exporté plus de 5 milliards de dollars d’armement vers le continent africain, selon Rosoboronexport, une entreprise publique russe. Parallèlement, les grandes entreprises russes s’intéressent aux ressources naturelles de l’Afrique : Alrosa en Angola et au Zimbabwe (diamants), Loukoïl dans le secteur pétrolier au Nigeria, au Ghana, au Cameroun et en République du Congo, et Rusal pour l’exploitation de la bauxite en Guinée.

Au-delà de cette stratégie économique et militaire, Moscou cherche aussi à développer son influence culturelle et informationnelle. En plus de ses activités sur les réseaux sociaux, la Russie a multiplié l’ouverture de centres culturels, les Maisons russes, avec six nouvelles implantations annoncées en septembre, notamment en Guinée, Somalie, République centrafricaine et Tchad. Officiellement destinées à promouvoir la culture et la langue russes, ces Maisons russes ont également pour but de diffuser la vision du Kremlin sur les événements mondiaux, selon Ivan Klyszcz, chercheur au Centre international pour la défense et la sécurité en Estonie.

Au début de l’offensive en Ukraine, lorsque la Russie a imposé un blocus sur les céréales ukrainiennes en mer Noire, de nombreux pays africains ont soutenu les arguments de Moscou, qui rendait l’Occident responsable des risques de famine dus aux sanctions. En 2024, la Russie a exporté 14,8 millions de tonnes de blé vers 25 pays africains, soit une hausse de 14,4 % par rapport à l’année précédente. 

La question de l’orientation des liens avec la Russie a également créé des tensions internes en Afrique du Sud et en Algérie, deux pays historiquement proches de la Russie. Lors du sommet des BRICS, lorsque le président Cyril Ramaphosa a qualifié la Russie de « cher allié » et d' »ami précieux », il a été fermement contredit par l’Alliance démocratique (DA), un parti politique d’opposition en Afrique du Sud, qui a rejeté cette qualification, affirmant ne pas considérer la Russie ni Vladimir Poutine comme un allié.