Au moins 18 civils ont été tués jeudi dans deux villages du Kordofan-Nord, dans l’ouest du Soudan, lors d’une attaque des Forces de soutien rapide (FSR), ont rapporté samedi les Emergency Lawyers, une ONG soudanaise. L’attaque a également fait plusieurs dizaines de blessés. L’armée avait repris en février cette zone stratégique, proche d’Umm Kuraydim, après près de deux ans de siège imposé par les paramilitaires.
L’ONG dénonce aussi des pillages, des agressions et des enlèvements de jeunes. Depuis le début du conflit en avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre sanglante opposant l’armée régulière aux FSR, une guerre que l’ONU qualifie de pire crise humanitaire actuelle.
A l’ouest du pays, la situation humanitaire continue de se dégrader à el-Facher, capitale du Nord-Darfour. Assiégée depuis plus d’un an, la ville est coupée du reste du pays. Les convois d’aide sont bloqués, les marchés sont à l’arrêt, et la nourriture devient inaccessible. Un sac de 100 kg de millet atteint 11 millions de livres soudanaises (environ 1 600 euros).
Selon un responsable local du ministère de la Santé, cité par l’AFP, au moins 63 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, sont mortes de malnutrition en une semaine. Le bilan pourrait être bien plus lourd, de nombreuses familles enterrant leurs proches sans pouvoir les amener à l’hôpital.
Dans les camps de déplacés voisins, comme Abou Chouk, la famine fait rage : entre cinq et sept enfants y meurent chaque jour. À la cantine principale de la ville, une assiette de bouillie doit désormais nourrir sept personnes. Des enfants montrent des signes évidents de malnutrition sévère, et certains centres alimentaires en sont réduits à utiliser des résidus de tourteaux destinés au bétail.
Le Programme alimentaire mondial estime que près de 40 % des enfants de moins de cinq ans à el-Facher souffrent de malnutrition aiguë, dont 11 % sous forme sévère.
Alors que le pays est aussi frappé par une épidémie de choléra avec près de 100 000 cas recensés, l’aide humanitaire peine à arriver. La saison des pluies empire la situation dans un pays où près de 25 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
