Mauritanie : HRW dénonce des abus graves contre les migrants

Dans un rapport publié ce mercredi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités mauritaniennes d’avoir commis de graves exactions à l’encontre de migrants et de demandeurs d’asile entre 2020 et début 2025. Arrestations arbitraires, violences physiques, viols, expulsions collectives : les témoignages recueillis dressent un tableau accablant.

Pays charnière de l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie est devenue un point de passage stratégique pour les migrants africains en quête d’Europe. Beaucoup tentent la traversée vers les Canaries, porte d’entrée vers l’Espagne. Un phénomène que l’Union européenne et l’Espagne tentent de contenir via des accords de coopération avec Nouakchott.

Mais selon HRW, cette collaboration se fait au prix de violations systématiques des droits humains. Le rapport s’appuie sur des centaines de récits décrivant les violences exercées par la police, la gendarmerie, l’armée ou encore les garde-côtes. Des migrants racontent avoir été battus, privés de nourriture et détenus dans des conditions dégradantes. Certains évoquent des refoulements vers des zones isolées du Sénégal, du Mali ou encore la région instable de Kayes, sans aucune assistance.

Début 2025, une vaste campagne d’expulsions avait provoqué l’indignation de plusieurs pays voisins, dont le Sénégal et le Mali. Les autorités mauritaniennes avaient justifié ces opérations comme une « routine » contre l’immigration irrégulière, sans en préciser l’ampleur. Des médias locaux avancent toutefois le chiffre de 28 000 expulsions depuis janvier.

Sur le plan migratoire, les chiffres sont tout aussi alarmants. L’ONG espagnole Caminando Fronteras estime à plus de 10 000 le nombre de personnes mortes ou disparues en mer en 2024, en tentant de rejoindre les Canaries. L’archipel reste la route maritime la plus empruntée pour rejoindre l’Europe, malgré les risques. En 2024, près de 47 000 migrants y sont arrivés.

Si les flux semblent ralentir en 2025, avec une baisse de 46 % des arrivées au premier semestre, le rapport de HRW souligne les coûts humains dramatiques de cette stratégie de contrôle externalisé des frontières.