Selon des sources proches du palais d’El Mouradia, le pouvoir algérien a convoqué en urgence une réunion restreinte du Conseil de sécurité nationale en fin de semaine dernière.
Cette rencontre, présidée par le chef de l’état major des armées le général ,Saïd Chengriha malgré l’absence du président Abdelmadjid Tebboune, aurait porté sur la situation sécuritaire aux frontières sud et est du pays, en particulier avec le Mali et la Libye.
D’après les informations recueillies, les chefs militaires ont alerté la présidence sur la recrudescence d’activités de groupes armés dans le nord du Mali, où l’affaiblissement de l’Etat central après le retrait de plusieurs partenaires internationaux a ouvert la voie à un regain d’instabilité.
Alger redoute notamment que des factions jihadistes qui étaient sous son contrôle, se rapprochent de Tamanrasset et d’In Guezzam.
Mais au-delà du discours officiel, plusieurs diplomates s’inquiètent des ambitions régionales de l’Algérie.
« Ce redéploiement ne se limite pas à une logique défensive », estime un diplomate européen basé à Bamako. « Alger veut transformer le nord du Mali en une zone d’influence sécuritaire et, à terme, imposer un contrôle direct sur cette partie du territoire ».
Un diplomate ouest-africain, proche de la CEDEAO, va plus loin : « L’Algérie cherche à avancer ses pions. Si Bamako reste affaibli, Alger pourrait finir par administrer de facto certaines zones, sous prétexte de lutte antiterroriste ».
La situation à l’est, le long de la frontière libyenne, a également été abordée. Les services de renseignement algériens estiment que la fragmentation politique en Libye continue d’alimenter le trafic d’armes et les mouvements transfrontaliers de groupes armés. Des opérations de surveillance aérienne et terrestre devraient être renforcées dans la région d’Illizi, un territoire historiquement libyen.
Selon plusieurs observateurs, le plan discuté prévoit un redéploiement graduel de brigades de l’Armée nationale populaire (ANP) dans les wilayas frontalières, accompagné du renforcement des bases avancées et de l’utilisation accrue de drones de reconnaissance.
Un chercheur français, du centre des hautes études stratégiques et militaires, spécialiste du Sahel, affirme qu’une force paramilitaire officieusement appelée « KL-7 » mènerait des opérations de déstabilisation dans plusieurs pays voisins, en étroite coordination avec des groupes armés non étatiques, dont certains sont considérés par la communauté internationale comme des organisations terroristes.
Selon lui, « l’Algérie cherche à se doter d’une profondeur stratégique. En sécurisant militairement le nord du Mali, elle vise à réduire l’influence des autres puissances dans la région, tout en consolidant son rôle d’acteur incontournable au Sahel ».
