Burkina Faso : Arrestation d’un directeur français d’ONG soupçonné d’espionnage

Un citoyen français, responsable au Burkina Faso de l’ONG INSO, spécialisée dans la sécurité humanitaire, a été interpellé fin juillet à Ouagadougou. Il est accusé d’activités d’espionnage, ont confirmé mercredi plusieurs sources proches du dossier, corroborant une information révélée par Le Monde.

Le Burkina Faso, dirigé depuis près de trois ans par un pouvoir militaire ayant rompu ses liens avec l’Occident et particulièrement avec la France, multiplie les mesures de défiance à l’égard des acteurs étrangers.

Selon des experts sécuritaires de la région, le directeur d’INSO est soupçonné de recueillir des informations sensibles. Une source proche du dossier assure toutefois que l’humanitaire est « bien traité » et que son organisation reste en contact avec les autorités burkinabè afin d’obtenir sa remise en liberté, selon l’AFP.

Basée à La Haye (Pays-Bas), l’ONG INSO fournit principalement des analyses de risques sécuritaires destinées aux organisations humanitaires opérant dans des zones instables. « Comme il s’agit d’une structure spécialisée dans l’analyse de contexte et la collecte d’informations, elle peut apparaître suspecte aux yeux du pouvoir en place », estime un expert régional.

Le 31 juillet, les autorités de Ouagadougou avaient suspendu l’ONG pour trois mois, lui reprochant la « collecte de données sensibles sans autorisation préalable ». Depuis, le pouvoir n’a pas communiqué officiellement sur l’arrestation du ressortissant français.

Entre juin et juillet, le régime militaire a d’ailleurs retiré leur accréditation à 21 ONG et en a suspendu dix autres pour trois mois.

La junte, qui dénonce régulièrement des « tentatives de déstabilisation », a rompu en 2023 toute coopération militaire avec la France, exigeant le retrait de ses troupes engagées dans la lutte antijihadiste. Plusieurs diplomates français avaient également été expulsés.

En décembre 2024, quatre fonctionnaires français, détenus un an à Ouagadougou sous accusation d’espionnage, avaient finalement été relâchés grâce à une médiation marocaine.

La méfiance à l’égard d’INSO dépasse le Burkina : fin 2024, le Niger, lui aussi dirigé par un pouvoir militaire hostile à Paris, avait interdit à l’organisation de poursuivre ses activités.

Début août, un autre Français a été arrêté à Bamako, accusé de travailler « pour les services de renseignement français », des accusations que le ministère français des Affaires étrangères qualifie de « sans fondement ».