Soudan du Sud : Le vice-président Riek Machar inculpé pour crimes contre l’humanité

Le gouvernement sud-soudanais a annoncé jeudi l’inculpation du vice-président Riek Machar pour crimes contre l’humanité, une décision à haut risque dans un pays fragile, encore marqué par les séquelles de la guerre civile.

Arrêté en mars et placé depuis en résidence surveillée, M. Machar est accusé d’avoir coordonné une attaque meurtrière le 3 mars dernier contre une base militaire dans le nord-est du pays. Selon le ministère de la Justice, l’assaut, attribué à « l’Armée blanche », une milice proche de Machar selon les autorités, a fait plus de 250 morts parmi les soldats, dont un général et un pilote onusien.

Outre les crimes contre l’humanité, l’ex-chef rebelle est poursuivi pour meurtre, terrorisme, financement d’actes terroristes, trahison et conspiration. Sept de ses proches sont également mis en cause.

Le président Salva Kiir a signé jeudi soir un décret présidentiel démettant Riek Machar ainsi que le ministre du Pétrole, Puot Kang Choi, de leurs fonctions. Une annonce qui pourrait fragiliser davantage le délicat accord de paix signé en 2018 entre Kiir et Machar, après cinq années d’un conflit ayant fait environ 400 000 morts et 4 millions de déplacés.

Le ministère de la Justice a déclaré que cette procédure visait à rendre justice aux victimes, affirmant qu’aucune position politique ne protège des poursuites. Il a aussi averti que l’affaire ne ferait l’objet d’aucun débat diplomatique avant le verdict final.

Les tensions sont palpables depuis des mois entre l’armée nationale et des forces loyales à Machar. L’ONU, qui a alerté sur une dégradation rapide de la situation, estime qu’entre janvier et mi-avril, environ 900 personnes ont été tuées dans le pays à cause de violences politiques. En parallèle, 165 000 civils ont été déplacés au cours des trois derniers mois, dont près de 100 000 vers les pays voisins.

La communauté internationale redoute un effondrement de l’accord de paix et le retour à une guerre ouverte.