Madagascar : Le colonel Randrianirina investi président après la chute de Rajoelina

Le colonel Michaël Randrianirina a officiellement pris les rênes de Madagascar ce vendredi, après une prestation de serment à la Haute Cour constitutionnelle. Chef du CAPSAT, une unité de l’armée qui a rejoint les manifestations antigouvernementales début octobre, il succède de facto à Andry Rajoelina, contraint à la fuite après sa destitution par l’Assemblée nationale.

« Aujourd’hui marque un tournant historique », a déclaré le nouveau président lors de la cérémonie, saluant l’engagement des jeunes du mouvement Gen Z, fer de lance de la contestation née des pénuries d’eau et d’électricité.

Soutenu par une partie de la population, par la Haute Cour et une frange de l’armée, Randrianirina réfute toute idée de coup d’État. Il a promis un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 18 à 24 mois, avec des élections et une réforme en profondeur de la gouvernance. Il affirme que le pouvoir restera aux civils, bien qu’il ait été propulsé par l’armée.

Plusieurs délégations internationales dont celles des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de la France étaient présentes à la cérémonie. La France, par la voix de son chef de la diplomatie, a appelé à une transition inclusive.

L’opposition, toujours fidèle à Rajoelina, dénonce une prise de pouvoir illégitime appuyée par des juges « partiaux ». L’ex-président, dont la localisation reste inconnue, serait en quête de solutions à la crise.

Les violences qui ont précédé le basculement militaire ont fait au moins 22 morts selon l’ONU, avant que le CAPSAT ne se démarque en refusant de réprimer les manifestants le 11 octobre.

Ce renversement marque la troisième transition militaire à Madagascar depuis son indépendance en 1960. L’île, riche en ressources naturelles mais frappée par une pauvreté endémique, rejoint ainsi la liste croissante des anciennes colonies françaises secouées par des prises de pouvoir militaires ces dernières années. 

L’Union africaine et la SADC ont annoncé l’envoi imminent de missions d’évaluation, appelant au respect de l’ordre constitutionnel.