Kenya : Une colline convoitée pour ses terres rares

Près de la côte kényane, cinq villages et une forêt se retrouvent au centre d’une lutte géostratégique mondiale. Sous la colline boisée de Mrima Hill, à proximité de la frontière tanzanienne, se cachent d’importantes réserves de niobium, un minerai essentiel à la fabrication d’aciers résistants et de technologies de pointe.

Le site ne couvre que 3,6 km², mais son potentiel est évalué en 2013 par la société Cortec Mining Kenya à plus de 62 milliards de dollars.

En juin dernier, Marc Dillard, ex-ambassadeur par intérim des Etats-Unis au Kenya, s’est rendu sur place. Washington place désormais la sécurisation des minerais critiques au cœur de sa stratégie africaine, dans l’espoir de réduire la dépendance mondiale à la Chine, largement dominante sur le marché des terres rares.

Avant cette visite, un consortium australien avait déjà déposé une offre d’exploitation. Des ressortissants chinois ont également tenté d’accéder à la zone, selon des habitants.

La population locale redoute surtout d’être dépossédée de ses terres sans compensation. « Mrima, c’est notre vie », s’inquiète Mohammed Riko, vice-président de l’association communautaire, selon l’AFP. La colline, couverte d’essences rares et de plantes médicinales, abrite des sanctuaires sacrés et assure la subsistance des villageois, dont plus de la moitié vit dans une pauvreté extrême.

Face aux risques environnementaux et à la corruption, le Kenya avait gelé les nouvelles licences minières en 2019 avant de rouvrir progressivement le secteur. Nairobi espère aujourd’hui transformer cette ressource en moteur économique : le ministère des Mines promet des réformes audacieuses, une transparence accrue et des incitations fiscales pour faire passer la part du secteur minier de 0,8 % à 10 % du PIB d’ici 2030.