Ismaël Omar Guelleh, président de Djibouti depuis 1999, a franchi une nouvelle étape vers une éventuelle prolongation de son pouvoir. Dimanche, l’Assemblée nationale du pays a voté à l’unanimité en faveur de la suppression de la limite d’âge pour la présidentielle, jusqu’ici fixée à 75 ans. Cette révision de la Constitution ouvre la voie à une candidature de Guelleh, qui a 77 ans, lors de la prochaine élection présidentielle prévue en 2026.
Le petit Etat de la Corne de l’Afrique, anciennement colonie française, se distingue par sa stabilité dans une région souvent en crise. Ses bases militaires, américaines, françaises, chinoises et japonaises, en font un point stratégique d’importance géopolitique.
Avec 65 députés présents, tous ont approuvé cette modification, selon Dileita Mohamed Dileita, président de l’Assemblée nationale. La révision pourrait être ratifiée définitivement lors d’un nouveau vote prévu pour le 2 novembre ou par référendum.
Si la décision n’est pas une surprise, elle a néanmoins suscité des critiques. Sonia le Gouriellec, spécialiste de la région, souligne que l’opposition peine à s’exprimer dans un pays où les libertés d’expression sont sévèrement limitées. Pour le président de la Ligue des droits humains de Djibouti, Omar Ali Ewado, cette révision marque un pas vers une présidence à vie pour Guelleh. L’opposition appelle à une transition démocratique pour éviter une nouvelle dérive autoritaire.
Guelleh avait laissé planer le doute sur une nouvelle candidature dans une interview en mai, affirmant qu’il ne voulait pas mettre son pays « dans une aventure irresponsable ». Toutefois, les partisans du gouvernement justifient cette révision par la nécessité de préserver la stabilité du pays dans une région volatile, entre la Somalie, l’Ethiopie et l’Erythrée.
Lors de la dernière présidentielle en 2021, Guelleh avait été réélu avec un score de plus de 97 % et son parti l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) domine également le Parlement.
