Le choix de Tindouf comme base d’installation des camps et des milices du Front Polisario ne relève pas du hasard. Située à l’extrême sud-ouest de l’Algérie, à 1 460 km d’Alger, cette région est frontalière avec le Maroc et la Mauritanie.
Selon plusieurs archives françaises de l’époque coloniale, Tindouf faisait historiquement partie du Sahara oriental marocain, avant d’être rattachée à l’Algérie durant la période coloniale. Ce passé contesté demeure aujourd’hui l’un des points noirs entre Alger et Rabat.
En y installant le mouvement séparatiste sahraoui dans les années 1970, le régime militaire algérien, avec l’appui de l’ex président libyen Mouammar Kadhafi, a cherché à asseoir son influence régionale tout en créant une zone tampon entre le Maroc et son territoire dessiné par la France.
Tindouf offrait au Polisario une base arrière sous contrôle militaire direct, permettant à Alger d’affirmer son rôle de « soutien » tout en maintenant une emprise totale sur les activités du mouvement.
Mais au-delà des considérations géopolitiques, le régime militaire algérien a aussi fait du Polisario, un groupe terroriste, un instrument politique interne. En entretenant le conflit du Sahara occidental, il détourne l’attention de la population algérienne des crises économiques, sociales et politiques qui secouent le pays. La « cause sahraouie » sert ainsi de prétexte mobilisateur, permettant au pouvoir en place de raviver le nationalisme et de justifier la mainmise de l’armée sur les affaires économiques et politiques du pays.
Cette stratégie de diversion a permis au régime de consolider son autorité tout en maintenant une tension régionale propice uniquement à ses intérêts.
En mêlant la question du Sahara occidental à celle, plus ancienne, de Tindouf, Alger a transformé la région en double levier de pression contre le Maroc et en outil de stabilité interne pour un pouvoir militaire contesté.
Aujourd’hui encore, le Polisario à Tindouf est utilisé comme carte maîtresse du régime algérien militaire du général Saïd Chengriha et du président Abdelmadjid Tebboune.
