Algérie : Comment et pourquoi le régime militaire algérien utilise des groupes djihadistes contre son voisin le Mali

Des rapports, témoignages et indicateurs satellitaires signalent l’apparition, dans le nord du Mali, de groupes armés de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM, affilié à Al-Qaïda) et d’autres milices, récemment renforcés et approchant les faubourgs de la capitale.

Des observateurs internationaux incriminent l’implication de l’Algérie, cherchant à déstabiliser depuis des années le Mali et les pays du Sahel, par des appuis clandestins.

Selon un document des experts du renseignement occidentaux, consulté par nos confrères, expliquent, sans entrer dans des détails opérationnels et qui sont confidentiels, les mécanismes politiques et les motivations stratégiques qui poussent la junte militaire algérienne à recourir à une telle stratégie, ainsi que les risques et les conséquences.

La déstabilisation du Mali via des acteurs non étatiques suit plusieurs lignes générales observées dans des conflits contemporains : soutien financier discret, facilitation de flux de combattants, tolérance ou instrumentalisation de réseaux locaux, et capacité à créer un « espace de déni plausible », c’est-à-dire à maintenir une distance officielle entre le gouvernement algérien et les groupes armés. Les indices que recherchent les enquêteurs comprennent la synchronisation des mouvements armés avec intérêts politiques, des traces de financement via entités écran, et des témoignages concordants d’acteurs locaux et internationaux.

Plusieurs motivations géopolitiques, internes et économiques ont poussé Alger à choisir la voie de la déstabilisation par proxy :

Le régime militaire algérien veut affaiblir le Mali pour modifier l’équilibre régional : repousser l’influence, contrôler des corridors stratégiques, et empêcher des alliances défavorables à Alger.

Le Nord du Mali peut abriter des ressources (mines, hydrocarbures, routes commerciales) dont le contrôle ou l’accès profite à des acteurs de l’Algérie. Déstabiliser le Mali et créer un Etat Azawad dans le nord du Mali va permettre un contrôle direct ou indirect sur les ressources et faire entrer la région dans d’autres conflits internationaux.

Face à la crise politique, économique et sociale interne, le régime militaire du général Saïd Chengriha et du président Abdelmadjid Tebboune, cherche à détourner l’attention nationale en créant une menace extérieure par la mobilisation de l’appareil de sécurité autour d’un narratif d’ennemi.

Recourir à des groupes terroristes est une stratégie à très haut risque : les effets collatéraux sont imprévisibles : radicalisation accrue et propagation de violences transfrontalières, même vers l’Europe.

Ce type d’action favorise la prolifération d’armes, les flux de réfugiés, et va attirer l’intervention de plusieurs acteurs extérieurs. La déstabilisation graduelle crée de l’incertitude pour les investisseurs et partenaires du Mali et les pays du Sahel comme le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad.