Cameroun : Anicet Ekane meurt en détention à Yaoundé

L’opposant camerounais Anicet Ekane, figure de la gauche nationaliste, est décédé ce lundi matin à Yaoundé, à l’âge de 74 ans, alors qu’il était en détention. L’information a été confirmée par Valentin Dongmo, vice-président du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), le parti que dirigeait Ekane.

« Anicet Ekane est mort ce matin à Yaoundé, où il avait été transféré après son arrestation fin octobre à Douala », a indiqué Valentin Dongmo. Les causes exactes de son décès restent floues à ce stade, bien que des informations précises sur l’état de santé de l’opposant indiquent qu’il avait souffert d’une détérioration de sa condition physique en détention.

L’arrestation d’Anicet Ekane remonte au 24 octobre 2025, à Douala, à la veille de la publication des résultats de l’élection présidentielle, dans laquelle Paul Biya, 92 ans et au pouvoir depuis 1982, a été reconduit pour un huitième mandat. Ekane, qui soutenait Issa Tchiroma Bakary, un autre opposant au régime en place, avait été arrêté en même temps que d’autres figures politiques ayant contesté les résultats du scrutin.

Selon le vice-président du Manidem, l’état de santé de l’opposant s’est rapidement dégradé après son transfert au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé, où il était incarcéré. « Nous avons signalé à plusieurs reprises aux autorités que son état nécessitait des soins médicaux spécialisés, mais aucune de nos demandes de transfert vers un hôpital approprié n’a été prise en compte », a précisé Valentin Dongmo. « Dimanche encore, nous avons lancé un appel pour une évacuation sanitaire urgente, mais en vain », a-t-il ajouté.

Anicet Ekane était bien plus qu’un simple opposant politique. Né en 1951 à Douala, il avait été l’un des leaders de l’Union nationale des étudiants camerounais dans les années 1970, avant de rejoindre l’Union des populations du Cameroun (UPC) en 1973. En 1995, il fondait le Manidem, une formation politique qui se distinguait par ses positions de gauche et nationalistes.

Au fil des années, Ekane a multiplié les arrestations pour ses positions fermes contre le régime en place. En février 1990, il avait été emprisonné avec plusieurs membres du groupe Yondo Black avant d’être condamné par le tribunal militaire. Il fut libéré après quelques mois, mais son engagement politique, notamment en tant que candidat aux élections présidentielles de 2004 et 2011, ne faiblira jamais.

Son dernier combat, avant son incarcération, était celui de la contestation des résultats de la dernière élection présidentielle et de la revendication de la victoire pour son allié, Issa Tchiroma Bakary. Le Manidem, dans une déclaration, avait dénoncé des arrestations arbitraires et des pratiques visant à intimider les Camerounais, qui, selon le parti, espéraient un respect du verdict des urnes.