Mali : Le fleuve Bakoye, un symbole de dégradation écologique et sanitaire pour les riverains

Autrefois source de vie et de fierté pour les communautés riveraines, le fleuve Bakoye est aujourd’hui devenu un véritable danger. D’après les témoignages des habitants, l’eau du fleuve a pris une teinte beige, reflet des déversements chimiques continus, et est désormais synonyme de menace pour la santé. La population, confrontée à une vague de maladies hydriques, lance un appel désespéré aux autorités, réclamant une intervention immédiate.

Abdoulaye Sissoko, notable de la région, raconte que, par le passé, le fleuve changeait de couleur pendant la saison des pluies à cause des glissements de terrain, mais retrouvait sa clarté après la saison. « Mais aujourd’hui, la situation est différente. L’eau, au lieu de redevenir claire, est devenue une vaste étendue trouble et mystérieuse », déplore-t-il. Il ajoute : « Ce n’est plus de l’eau, c’est de la boue mélangée à de l’eau. Regardez la couleur ! »

Les habitants attribuent ce phénomène à la pollution causée par l’exploitation minière illégale en amont du fleuve, où les orpailleurs rejettent directement leurs déchets chimiques dans le cours d’eau. Cette pratique met en danger la qualité de l’eau, autrefois claire et utilisée pour de multiples fins, comme la lessive, la baignade et même la consommation, malgré les risques.

Mariam Fofana, une ménagère de Tintila, explique que pour la population locale, l’eau du Bakoye est indispensable. « Cette eau, c’est tout pour nous. On l’utilise pour tout, malgré les risques. Mais nous souffrons de diverses maladies, comme des troubles respiratoires, des diarrhées et des infections urinaires », témoigne-t-elle. Elle ajoute que l’eau polluée a même causé des disputes domestiques, certains voyant leur linge décoloré par les impuretés de l’eau.

Face à la situation, les habitants de la région, notamment ceux du Cercle de Bafoulabé, se sentent démunis et appellent à une action urgente. « Nous n’avons pas d’autre choix que de boire cette eau, faute de moyens pour acheter de l’eau propre », déplore Mariam Fofana. La population espère que les autorités prendront enfin des mesures pour protéger leur droit à un environnement sain, avant que le fleuve Bakoye ne devienne un symbole de négligence et d’indifférence, selon l’Agence malienne.