Le dernier incident samedi dernier à Bangui qui a impliqué des soldats tchadiens et qui s’est soldé par au moins une vingtaine de morts, a réalimenté les interrogations sur les objectifs poursuivis par le Tchad en République centrafricaine.
Ce pays a toujours eu une influence considérable sur les évènements en République centrafricaine. Après avoir, pendant un moment, soutenu François Bozizé, et de manière plus ou moins floue, l’ancienne rébellion musulmane Séléka qui s’est opposée à lui, le pays d’Idriss Déby a été l’un des rares partisans de son successeur, Michel Djotodia.
Aujourd’hui participant à la Misca, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine, le comportement du Tchad suscite des interrogations. Il se positionne plus en force de protection des populations musulmanes, centrafricaine et africaine, que comme une véritable force d’interposition, ce qui explique l’hostilité dont il est l’objet de la part de la population centrafricaine, majoritairement chrétienne.
Le Tchad considère également la Centrafrique comme son chasse-garder. Forte de sa puissance économique, grâce à la manne pétrolière, et militaire, il souhaite demeurer au premier plan dans la gestion de la crise, ce qui pourrait bien ne plus être le cas si la Misca devenait une force des Casques Bleus de l’ONU.
L’immense intérêt que le Tchad porte à la Centrafrique trouve sa source dans les énormes ressources pétrolières qui se trouvent notamment le long de la frontière centrafricaine. Ce sont ces ressources qui ont permis la formation de l’armée tchadienne forte de 60 000 hommes qui s’est tellement distinguée au Mali, aux côtés de l’armée française, dans la lutte contre les groupes djihadistes. Mais cette richesse a également alimenté les circuits de corruption qui ronge ce pays.