Le gouvernement burundais a fait part dimanche de son opposition catégorique à tout déploiement militaire de l’Union Africaine sur son sol, une annonce qui recadre les médiateurs de l’UA dans leurs efforts de règlement du conflit.
« Si les troupes de l’UA venaient sans l’aval du gouvernement, il s’agirait alors d’une force d’invasion et d’occupation », et le Burundi se réserverait donc « le droit d’agir en conséquence ». C’est par ces mots fermes que le porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza a annoncé dimanche l’opposition de son gouvernement à l’intervention des troupes de l’UA dans son pays.
Pour les observateurs, la création vendredi dernier d’une mission militaire de 5 000 hommes par l’UA ne signifie pas pour autant son implication immédiate dans la crise burundaise. En effet, toute intervention étrangère doit obligatoirement recevoir l’aval des Nations Unies, chose qui n’a pas encore été faite au niveau du dossier burundais.
En conséquence, les spécialistes estiment que l’annonce de la création de cette mission spéciale, s’apparente plus à un avertissement de la part de l’UA qu’à une ingérence directe dans les affaires internes du pays.
L’organisation panafricaine qui est déjà intervenue dans d’autres pays africains, sans grande efficacité dans la plupart des cas, tente depuis plusieurs mois de résoudre la crise politico-sécuritaire qui sévit au Burundi. De nombreuses solutions pour la résolution de ce conflit ont été proposées au président Pierre Nkurunziza. Mais ce dernier reste accroché au pouvoir malgré de fortes sanctions décidées par les pays occidentaux.
Le Burundi est en effet plongé dans une profonde crise politique depuis la réélection en juillet dernier du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. Un mandat supplémentaire jugé par ses adversaires contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha ayant permis de mettre fin à la guerre civile (1993-2006) entre l’armée dominée alors par la minorité tutsi et les rebelles hutu.