Dans la crise du Burundi, l’Union africaine est revenue à des meilleurs sentiments en renonçant finalement à sa décision intempestive d’envoyer une force militaire, qui avait à la fois fait cabrer le président Nkurunziza et donné un sens concret à l’impéritie de l’organisation panafricaine.
Les dirigeants africains, réunis le week-end en sommet à Addis-Abeba, ont bien sûr cherché à envelopper la reculade de l’UA au Burundi par le souci de laisser la chance au dialogue entre les protagonistes de la crise burundaise. Dans les faits, les chefs d’Etat de l’UA se sont rendu compte que les textes de l’organisation panafricaine n’autorisaient pas le déploiement de troupes dans un pays membre sans le consentement de ce dernier, en qualité d’Etat souverain.
Plus question donc de l’envoi d’une force africaine de 5.000 hommes qui était censée empêcher la spirale des violences dégénérer en guerre civile. Surtout que le souvenir du génocide lors des affrontements entre ethnies Hutues et Tutsies au Rwanda et au Burundi est encore dans tous les esprits.
En lieu et place, les dirigeants de l’UA ont décidé d’envoyer à Bujumbura une délégation de haut niveau pour discuter avec le gouvernement burundais la possibilité de l’envoi d’une mission, dont le rôle serait la « stabilisation » de la situation dans ce petit pays de la région des Grands Lacs. L’objectif de l’UA est de désarmer les milices et d’empêcher les violences de prendre une ampleur qui serait difficile de contrôler ensuite.
L’initiative de l’UA de dépêcher une « délégation de très haut niveau », composée probablement de chefs d’Etat, a certainement été motivée par l’inquiétude de la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souligné la nécessité « d’agir d’urgence ».
Mais Bujumbura ne semble pas près de recevoir une telle délégation, preuve de la détermination du président Nkurunziza à ne laisser aucun rôle à l’organisation panafricaine.