Le roi Mohammed VI du Maroc a mis dans l’embarras les responsables algériens en effectuant une longue visite, cette semaine au Sahara, où il a lancé un vaste programme d’investissements qui devraient, à terme, faire de cette région un pôle d’activités et un pont entre l’Afrique du Nord et les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Le défi est en effet de taille: plus de 7 milliards d’euros doivent être investis dans ces provinces du Sud du royaume d’ici 2022. Des projets appelés à changer le visage de la région, au moment où le Polisario, le front indépendantiste soutenu par l’Algérie, se trouve inexorablement piégé par son intransigeance qui bloque les négociations sur l’affaire du Sahara.
Mohammed VI a placé la barre très haut en présidant, samedi 6 février, un conseil des ministres à Laayoune, la principale ville du Sahara, avant de se rendre à Dakhla, à 500 km plus au sud. Des décisions de portée nationale ont été prises au cours de cette réunion du gouvernement au grand complet sous la présidence du souverain marocain. Un message fort qui confirme que le Sahara est une région comme les autres, où le royaume est déterminé à mener son audacieux programme de régionalisation.
Il s’agit d’autant d’indicateurs qui montrent que le Maroc n’est plus disposé à attendre que l’Algérie et le Polisario se décident à s’asseoir à la table des négociations. Cette posture résolue est à l’évidence justifiée par la stabilité politique et sécuritaire dont se prévaut le Maroc dans un environnement régional menacé par l’extrémisme et le terrorisme.
Les pays occidentaux voient d’ailleurs aujourd’hui dans le Maroc le pilier de la stabilité et de la sécurité dans cette zone, et un rempart contre les groupes jihadistes et séparatistes qui prolifèrent dans les vastes étendues du Sahara et du Sahel, et représentent une menace grandissante pour l’Europe.