Les observateurs sont dubitatifs sur l’initiative du président français Emmanuel Macron qui réunit, mardi à Paris, les deux dirigeants libyens rivaux, le maréchal Khalifa Haftar et Fayez Al Sarraj, et sur les chances de cette rencontre à mettre fin à la crise libyenne.
Prévue à l’Elysée, la rencontre sera la deuxième (après celle d’avril à Abou Dhabi) à réunir autour de la même table les deux principaux protagonistes de la crise libyenne: Fayez Al Sarraj, à la tête du Gouvernement d’Union Nationale (GNA) reconnu par l’ONU aux termes de l’accord de Skhirat de décembre 2015, et le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de la Cyrénaïque, soutenu principalement par l’Egypte, la Russie et les Emirats Arabes Unis.
Paris avait récemment déclaré être prête à « faciliter la mission » de l’émissaire onusien pour la Libye, le franco-libanais Ghassan Salamé, afin de mettre fin à la crise dans le pays et parvenir à un accord de paix. Cette position n’a toutefois pas reçu l’accueil escompté de la part des parties libyennes, la France étant soupçonnée d’avoir une approche floue concernant la Libye.
En effet, tout en déclarant soutenir uniquement le GNA conduit par Fayez Al Sarraj, Paris avait envoyé officieusement des militaires en Libye pour appuyer l’Armée de Libération Nationale (ANL), dirigée par le maréchal Haftar. Un accident d’hélicoptère, où des militaires français avaient trouvé la mort en 2015, avait dévoilé l’intervention en catimini de la France en Libye.
Une incohérence qui risque de jeter de l’ombre sur l’initiative de Macron, estiment les observateurs. A moins que les deux protagonistes de la crise libyenne ne soient réellement déterminés à surmonter leurs désaccords pour mettre fin au chaos politique qui dure dans le pays depuis la chute du régime Kadhafi en octobre 2011.