Les autorités italiennes sont passés à la vitesse supérieure dans leur lutte contre la migration clandestine, en bloquant mercredi le navire de l’ONG allemande Jugend Rettet, accusée d’avoir adopté «des comportements favorisant l’immigration illégale», au moment où un patrouilleur italien a été envoyé dans les eaux libyennes pour contrer l’arrivée de réfugiés.
Des magistrats italiens sont allés plus loin en accusant les membres de l’ONG humanitaire d’entretenir des liens avec les trafiquants d’êtres humains qui convoient les embarcations chargées de migrants à partir des côtes libyennes vers l’Europe.
Les autorités italiennes ont d’ailleurs mis en place un code de bonne conduite censé réglementer les opérations de sauvetage en mer des migrants opérées par les ONG. Rome se défend pourtant de vouloir remettre en cause le principe des secours en mer, affirmant chercher simplement à contrôler ces activités.
Le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni avait annoncé vendredi dernier que l’Italie allait travailler dans les prochaines semaines en étroite collaboration avec la Libye afin d’endiguer le flux de migrants qui arrivent sur les côtes italiennes.
Cette annonce avait précédé le déploiement du patrouilleur mercredi. Un déploiement qui sera vraisemblablement suivi par l’envoi d’autres bâtiments dans les eaux territoriales libyennes d’ici fin août. Rome négocie également l’envoi d’avions, d’hélicoptères et de drones de surveillance.
Le gouvernement italien affirme toutefois qu’il n’a pas l’intention de procéder à «un blocus naval», assurant qu’il s’agit d’une «demande de soutien et d’aide aux garde-côtes libyens» dans la lutte contre les trafiquants d’êtres humains.
Jusqu’à présent, les diverses autorités qui revendiquent le pouvoir en Libye avaient constamment refusé l’accès aux eaux libyennes, à la mission européenne Sophia de lutte contre le trafic d’humains.
Depuis 2014, plus de 600 000 migrants, dont 95.000 depuis le début de l’année sont arrivés sur les côtes italiennes en provenance principalement de la Libye. Ce chiffre ne comprend pas les milliers de migrants ayant perdu la vie avant de n’atteindre l’Europe.