La situation des migrants subsahariens en Algérie ne s’améliore décidément pas, et les autorités algériennes continuent d’expulser à tour de bras vers la frontière avec le Niger et, à présent vers le Mali, dans des conditions humanitaires déplorables dénoncées par plusieurs ONG internationales.
De nombreux migrants subsahariens sont interpellés sur les chantiers où ils travaillent, puis emmenés jusqu’à la frontière avec le Niger ou le Mali, sans possibilité de récupérer leurs économies et leurs affaires. De là, les migrants son obligés de marcher dans le désert à la recherche d’un improbable village.
Human Rights Watch a déploré mercredi l’expulsion arbitraire par les autorités algériennes de plus d’une centaine de migrants africains début mars. Le plus grave, explique HRW dans un communiqué, est que ces migrants ont été poussés vers une région de non droit dans le Nord du Mali, où certains d’entre eux ont été dépouillés et maltraités par des groupes armés liés à Al-Qaïda.
Une organisation non gouvernementale basée à Gao, au Mali, a indiqué avoir prêté assistance à plus de 125 migrants parmi ceux qui sont récemment arrivés sur place les 6 et 7 mars derniers.
Lors d’entretiens téléphoniques menés séparément, cinq migrants arrivés au Mali ont expliqué à HRW que la police de la ville algérienne de Ghardaïa les avait regroupés le 1er mars sans les informer de leur droit d’appeler leurs représentants consulaires ou les autoriser à récupérer leurs salaires et leurs économies.
La police les a escortés jusqu’à Bordj Badji Mokhtar, la dernière ville avant la frontière malienne, les confiant aux gendarmes, qui les ont reconduits à la frontière sous la menace des armes, rapporte HRW. « L’Algérie devrait traiter tous les migrants avec respect et décence (…) et ne pas les exposer au risque de subir un traitement inhumain », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.