Dans la péninsule du Sinaï, l’armée et la police égyptiennes ont commis des abus graves et généralisés à l’encontre des civils, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié ce jour 28/05/2019. Certaines exactions, perpétrées dans le cadre d’une campagne contre le groupe armé Province du Sinaï, affilié à l’État islamique, sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.
L’enquête de Human Rights Watch, qui a duré deux ans, documente des crimes tels que les arrestations arbitraires de masse, disparitions forcées, tortures, exécutions extrajudiciaires, ainsi que sur de possibles attaques illégales, aériennes et terrestres, contre des civils. La plupart des abus décrits dans le rapport ont été commis par les forces égyptiennes militaires et policières, mais les miliciens extrémistes ont également perpétré des crimes atroces : ils ont enlevé et torturé des centaines d’habitants, tuant certains d’entre eux, et exécuté de façon extrajudiciaire des membres des forces de sécurité qui étaient leurs prisonniers.
Human Rights Watch a observé que les hostilités dans le Sinaï Nord, constituant des combats prolongés entre forces organisées, avaient désormais atteint le niveau d’un conflit armé non international et que les belligérants violaient le droit international de la guerre ainsi que le droit local et international relatif aux droits humains.
Le fait que les deux camps ciblent les civils et les soumettent à des abus, sans faire la distinction entre civils et combattants, a anéanti les droits fondamentaux des civils et détruit tout espace où pourrait réellement se former une mobilisation ou une opposition politique. Les abus ont également contribué à la militarisation accélérée du conflit et au déplacement des habitants.
De janvier 2014 à juin 2018, 3 076 miliciens présumés et 1 226 membres de l’armée et de la police ont été tués lors des combats, d’après les déclarations du gouvernement et les reportages des médias. Les autorités égyptiennes n’ont pas publié de chiffres concernant les victimes civiles et n’ont reconnu publiquement aucune faute de la part de leurs agents. Mais Human Rights Watch a constaté que les autorités égyptiennes incluaient souvent les civils dans le décompte des miliciens supposés tués, alors qu’en fait des centaines de civils avaient été tués ou blessés.