Kenya : sabotage des installations de télécommunication somaliennes, selon l’ONU

Selon un nouveau rapport d’experts de l’ONU, l’armée kényane a mené ces deux dernières années au moins cinq attaques sur des installations de télécommunication en Somalie, dans lesquelles deux civils ont été tués.

Les Forces de défense du Kenya (KDF) ont détruit entre 2017 et 2019 des mâts de télécommunication en Somalie, pour empêcher les militants islamistes shebab d’utiliser le signal de téléphones portables pour déclencher des bombes, selon ce rapport remis lundi au Conseil de sécurité de l’ONU.

Ce comité d’experts, chargé de vérifier que les sanctions imposées à la Somalie sont bien appliquées, a expliqué avoir reçu des informations sur des attaques de l’armée kényane contre 12 tours de télécommunication gérées par l’opérateur Hormuud Telecom, installé à Mogadiscio.

Presque toutes ces attaques ont eu lieu dans la région de Gedo, dans le sud de la Somalie, à la frontière avec le Kenya.

« Le comité a été en mesure de corroborer indépendamment cinq de ces attaques (…), qui ont débouché sur la mort de deux civils », a-t-il indiqué. Un garde de sécurité et un membre de sa famille sont morts en juillet 2018 dans un bombardement imputé aux KDF, selon le rapport.

Le comité a noté que ces attaques pourraient avoir eu pour but « d’empêcher les shebab de déclencher des engins explosifs improvisés ».

Confrontée aux preuves assemblées par les experts, l’armée kényane a nié être impliquée dans ces attaques, a observé le comité. Ce rapport est publié à un moment de forte tension entre le Kenya et la Somalie.

Un différend les oppose notamment sur la propriété de vastes secteurs maritimes de plus de 100.000 km2, riches en réserves de pétrole et de gaz.

Le Kenya dispose depuis 2011 de troupes en Somalie, évoluant au sein de la force de l’Union africaine (Amisom) déployée depuis 2007 dans le pays. Forte de 20.000 soldats, l’Amisom soutient le fragile gouvernement somalien contre les shebab qui ont juré sa perte.


Les autorités kényanes justifient cette présence militaire par la nécessité de protéger leur pays contre les shebab, affiliés à Al-Qaïda.