Maroc-Sénégal : de l’eau dans le gaz ?

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Parfois ombrageuses, mais souvent dominées par des liens affectifs, les relations entre le Maroc et le Sénégal, au cours des vingt dernières années, n’on jamais été aussi tendues. Aux désaccords économiques récents s’est substitué un incroyable imbroglio diplomatique marqué par le rappel « pour consultation » des deux ambassadeurs.

Pourtant, Le royaume Chérifien et la république sénégalaise semblaient avoir une relation blindée, grâce, notamment aux intimités familiales entre les deux chefs d’états le Roi Mohamed VI et le Président Abdoulaye Wade.
A l’origine de cette brouille, des déclarations par Jacques Baudin, Secrétaire en Charge des relations extérieures du Parti Socialiste Sénégalais, et ancien ministre sous Abdou Diouf, au cours du Congrès du Front Polisario à Tifariti lors de la deuxième quinzaine de décembre.
Or, la position du parti socialiste sénégalais dans le conflit du Sahara occidental doit être placée dans le contexte actuel de la politique intérieure sénégalaise. Ainsi, dans un communiqué publié la même semaine le bureau politique du parti Socialiste appelait tous les sénégalais à faire front contre le  pouvoir et donnait des consignes pour une grève générale en signe de protestation contre la hausse des prix et cela à un moment où le gouvernement sénégalais tente d’apaiser la situation en Casamance. Ajouté à cela, le pays est en deuil après l’assassinat, la veille de la fête du sacrifice, du Chérif Chemsedine Aïdara de Ziguinchor. le Président Wade ne pouvait s’attendre à la décision de Rabat de rappeler son ambassadeur à Dakar même pour 3 jours, mesure jugée discourtoise et inamicale de la part d’un partenaire stratégique, la raison invoquée par Rabat étant  le besoin d’ « explications » sur le revirement de la position d’un haut responsable du parti socialiste sénégalais sur le conflit du Sahara occidental.
Jacques Baudin, à l’origine de l’incident en se rendant à Tifariti pour assister au congrès du Polisario et en comparant le Maroc à une « puissance coloniale » était jusqu’alors connu pour son opposition à l’entré de la RASD à l’O.U.A. Lorsqu’il était ministre, Il avait fait observer que l’organisation panafricaine avait dérogé aux principes du droit international en accordant un siège à un mouvement de libération alors que ce sont les états qui en sont membres. L’ex-chef de la diplomate sénégalaise,  qui semble connaître parfaitement les réactions épidermiques du Maroc sur le dossier du Sahara, faisait ainsi coup double en voulant marquer la différence du PS sénégalais, tout en gênant Abdoulaye Wade, et son fils Karim, qu’il sait être très proches de Mohamed VI.
La fébrilité de la diplomatie marocaine a fonctionné dans le sens voulu par Jacques Baudin car il semblait difficile pour le Royaume du Maroc de justifier une telle escalade sur la base de la seule sortie du PS à Tifariti.

Dans les pays d’Afrique de l’ouest et en particulier au Sénégal la politique revêt beaucoup plus un caractère clanique, ethnique, religieux, et parfois superstitieux, cet aspect se manifeste à l’occasion de compétitions électorales ou de prise de positions dans certaines questions de politique importantes. Pour désavouer un adversaire politique, même quand cela nécessite dans l’intérêt du pays solidarité et unanimité, ses concurrents se placent dans le sens opposé.
Se fondant sur le principe de la réciprocité par le rappel de son ambassadeur à Rabat la réaction sénégalaise semble traduire une véritable tension entre deux pays qui semblaient avoir destin lié jusqu’ici jusqu’ici.
En effet,  depuis son accession au trône, Mohamed VI avait,  dans une offensive de charme sans précédent,  effectué quatre visites dans le pays de la « Teranga »,  faisant du Sénégal son partenaire privilégié. Le froid dans les relations entre les deux pays,  perceptible dans certains cercles aurait pour cause l’absence du souverain marocain lors des cérémonies d’investiture du Président Wade en février 2007 à laquelle ont assisté plus d’une dizaine de chefs d’états, alors que d’autres sources invoquent un malentendu sur l’approche dans la gestion de certains dossiers qui lient les deux pays.
Aujourd’hui les deux pays et les pays limitrophes du Maghreb et de l’Afrique de l’oust doivent faire face  au  danger terroriste qui les menace, après les raids kamikazes spectaculaires en Algérie visant des lieux symboliques la nébuleuse d’Al Qaida au Sahel effectue un « saut qualitatif » inquiétant en s’attaquant aux touristes par l’assassinat de quatre ressortissants français en Mauritanie. Trois jours après cet attentat meurtrier, une attaque a coûté la vie à trois militaires dans le nord est de la Mauritanie, au cours d’une embuscade qui leur a été tendue au moment où ils poursuivaient un véhicule non identifié qui s’était approché de leur base. Les autorités mauritaniennes louent le rôle joué par les experts de la police marocaine dans l’identification des criminels ainsi que l’aide qui a été apporté à la Mauritanie par les autorités sénégalaises et maliennes dans la traque des terroristes. Par ailleurs, ce nouvel épisode inquiète les organisateurs du rallye raid Dakar 2008 dans huit étapes sont prévues sur le sol mauritanien entre le 11 et le 19 Janvier 2008.
Le terrorisme continue de frapper et l’axe Rabat-Dakar via le Sahara et la Mauritanie doit, pour être sécurisé, compter sur la vigilance, la mobilisation de tous les moyens et une étroite collaboration entre les pays concernés.