Les supputations sur la maladie du général Said Chengriha se sont avéré des rumeurs savamment fuitées par le chef d’état-major de l’armée algérienne, afin de mieux orchestrer en coulisses la périlleuse vacance du pouvoir, laissée par le président Tebboune depuis son hospitalisation il y a deux mois en Allemagne.
D’après des sources bien informées à Alger, le général Chengriha a délibérément choisi de demeurer temporairement en retrait, à l’écart des caméras, pour éviter l’erreur commise par le défunt général Gaïd Salah, qui s’était retrouvé en première ligne face au mouvement populaire du Hirak.
Pour le chef d’état-major, l’étape actuelle en Algérie devient embarrassante par l’absence prolongée du président, dont personne ne connaît la gravité de la maladie. D’autant que cette situation délicate ressemble comme deux gouttes d’eau à celle qui a conduit à la chute pitoyable de Bouteflika, et qui a propulsé dangereusement l’armée au devant de la scène comme le véritable centre du pouvoir en Algérie.
Selon les mêmes sources, plutôt que de s’afficher dans les journaux télévisés, le général Chengriha a choisi de préparer discrètement l’après Tebboune, au cas où la maladie du président s’éternisait.
Dans ce scénario du pire, il travaille au renforcement de l’état-major et à l’élimination des ressentiments accumulés au sein de l’armée, y compris par la réhabilitation de certains hauts gradés, dont l’ancien patron du DRS, le général Toufik.
Le Chef d’Etat-major Chengriha a fait appel aux hauts gradés mis à la retraite par le général Ahmed GaÏd Salah, notamment Khaled Nezzar, Ali Ghdiri, Hocine Benhadid, en plus de Mohamed Médiène dit « Toufik » en convalescence dans un hôpital militaire.
Le général Toufik, le général Athmane Tartag, Said Bouteflika (frère et ex-conseiller d’Abdelaziz Bouteflika), et la secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, ont été arrêtés en mai 2019.
Le général-major à la retraite Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, se trouve actuellement en Algérie. Condamné par contumace à 20 ans de réclusion criminelle et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international pour «complot contre l’autorité de l’Etat et de l’armée» et «atteinte à l’ordre public», il est rentré au pays après un an et demi.
Dans la même stratégie de Chengriha, plusieurs généraux et chefs militaires de l’état major et des régions militaires ont été limogés et remplacés par des ‘’fidèles’’.
L’histoire semble ainsi se répéter. Le nouveau chef d’état major qui est derrière l’arrivée au pouvoir de Abdelmadjid Tebboune, permet ainsi à l’armée de s’éclipser de la “devanture politique” tout en gardant la main mise de Chengriha sur le pays.