Le G20, la crise mondiale et les pays du Sahel

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La crise mondiale a bel et bien sonné le glas des années fastes qui sont révolues à jamais. L’heure est à l’austérité budgétaire et à la raréfaction financière. Les vannes de l’économie mondiale se ferment l’une après l’autre et les ressources financières s’achèssent terriblement.

Les pays d’Afrique en général et du Sahel en particulier seront durement affectés par cette crise économique mondiale sans précédent qui fait tarir plus que jamais les ressources financières et rend les pays pauvres de plus en plus vulnérables.
En effet, eu égard à la structure économique des pays du Sahel et de leur niveau de développement  fortement dépendant des fonds d’investissement étrangers et des aides octroyées par les pays du Nord et les organisations internationales, la crise économique qui sévit actuellement aura certainement des effets désastreux sur la région et ses populations appauvries.
Pour juguler cette crise internationale, un sommet du G20 a été tenu à Londres. Il a réuni les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine, le Japon, l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Inde, le Brésil, l'Arabie Saoudite, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud, la Russie, l'Australie, le Canada, l'Argentine, le Mexique, l'Indonésie et la Turquie ainsi que l'Union Européenne.
Le sommet du G20 a adopté une batterie de mesures concrètes pour relancer l’économie mondiale en mettant en place les leviers de ce qui est désormais convenu d’appeler le « nouvel ordre économique mondial ». Le plan de relance se chiffre à des sommes astronomiques jamais égalées dans l’histoire de l’économie mondiale.
Lors de cette rencontre historique, il a été décidé d’un commun accord de tripler les ressources du Fonds Monétaire International (FMI) à 750 milliards de dollars, et d'autoriser le Fonds à émettre des Droits de Tirages spéciaux (DTS) pour 250 milliards de dollars et à vendre de l'or.
En somme, ces mesures représentent une somme de 1.100 milliards de dollars et constituent, selon le Directeur Général du FMI Dominique Strauss-Kahn, "le plus grand plan de relance coordonné jamais décidé". L'ensemble des mesures prises par le G20 devrait permettre d'injecter pas moins de 5.000 milliards de dollars dans l'économie mondiale d'ici la fin 2010.
Par ailleurs, cette unité des leaders mondiaux pour combattre la récession se concrétisera-t-elle par des actions palpables au profit des pays pauvres ? La part destinée aux pays africains sera-t-elle effectivement versée pour eux ?
En effet, bien que l’Afrique ait été invitée à ce sommet, il n’en demeure pas moins que plusieurs questions se posent avec acuité. Elles ont trait à la représentativité des pays africains, à la prévalence de leurs points de vue et de leur vision et tout particulièrement à la nécessité d’avoir une position africaine commune.
Force est de souligner dans ce cadre que le sommet de Londres du G20 a accordé une place mineure à l’Afrique. La voix de ce continent est faiblement entendue dans la cohue-bohue mondiale et l’agitation fébrile qui saisit l’économie internationale.
Cette crise économique mondiale qui frappe de plein fouet tous les pays de la planète est systémique et durable. Elle est devenue une crise de développement et risque fortement de basculer en crise humanitaire. Ses conséquences sont aussi désastreuses et déstabilisantes pour les pays du Sahel laminés par de multiples conflits et des tensions internes à n’en plus finir.
Il faut dire qu’avec la récession économique, les pays du Sahel, à l’instar des autres pays africains, connaîtront une baisse automatique et très significative de l’investissement direct.
En outre, le marasme économique entraînera également une réduction des débouchés pour les matières premières ainsi qu’une forte baisse de leurs prix. Cette situation affectera sensiblement les recettes et les budgets nationaux de ces pays.
S’il est un enseignement à tirer de cette crise, c’est bien celui de la nécessité impérieuse pour les pays du Sahel d’inventer leur propre modèle de développement et de s’affranchir de l’assistanat. Les puissances mondiales souffrent en premier plan de la crise et essayent autant que faire se peut de sauver leurs meubles. Le développement des pays du Sahel reste fortement tributaire de leur volonté d’asseoir un modèle de développement à long terme indépendamment de l’aide étrangère.