Lors de sa récente rencontre ce dimanche avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a eu droit à une conversation sur les frictions majeures entre les deux États. Le dialogue a abordé des sujets sensibles qui ont empoisonné les relations franco-algériennes ces derniers mois.
Le président Abdelmadjid Tebboune a, en particulier, exprimé son désaveu concernant la position de la France sur la question du Sahara Occidental, le gouvernement en exil du président Ferhat Mehenni de la Kabylie reçu au Sénat à Paris, ainsi que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal incarcéré dans une prison à Alger.
Ces sujets ont empoisonné les relations bilatérales et provoqué des tensions diplomatiques des deux côtés. Mais ce n’était pas là le seul dossier qui a marqué cette rencontre.
Cependant, selon des informations ayant fuité après l’entretien, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a soulevé une question particulièrement délicate concernant l’institution militaire de son pays, et en particulier le rôle du général Saïd Chengriha, chef de l’armée et ministre délégué à la Défense.
Tebboune aurait demandé à Jean-Noël Barrot de faciliter certaines démarches administratives concernant les visas surtout les familles et les enfants des officiers supérieurs algériens, ainsi que leurs avoirs financiers et immobiliers en France. Cette requête sous-entendait une volonté d’aménager la situation vis-à-vis de l’élite militaire algérienne, un domaine hautement sensible et stratégique dans la gestion de l’Algérie par le pouvoir de l’armée.
D’une manière intelligente et diplomatique, Jean-Noël Barrot qui a été reçu par son homologue Ahmed Attaf, a tenu à souligner que la volonté partagée des deux pays est de dépasser la grave crise qui a secoué leurs relations.
« Avec le président Tebboune, nous avons exprimé la volonté commune de lever le rideau », a-t-il déclaré, mettant en avant l’objectif de « reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé ». Selon lui, la France souhaite tourner la page des tensions actuelles et relancer la coopération bilatérale dans un souci de « résultats concrets et d’efficacité ».
Cette rencontre marque donc, à première vue, une étape importante dans le rapprochement entre l’Algérie et la France, avec la promesse d’une réactivation des mécanismes de coopération, malgré les dossiers sensibles qui continuent de peser entre les deux gouvernements.
Cependant, les confessions et demandes de Tebboune, notamment concernant la situation des officiers militaires algériens, risquent de laisser une empreinte durable sur la manière dont ces deux États feront avancer leur relation à l’avenir.