Si l’annonce le 10 avril dernier de la création d’un Conseil sud-américain de lutte contre le narcotrafic -regroupant la plupart des gouvernements d’Amérique latine-est considérée par la plupart des experts dans le narcotrafic comme une mesure désormais indispensable,cette dernière pourrait néanmoins être considérée très vite comme une mesure insuffisante.
Si l’annonce le 10 avril dernier de la création d’un Conseil sud-américain de lutte contre le narcotrafic -regroupant la plupart des gouvernements d’Amérique latine-est considérée par la plupart des experts dans le narcotrafic comme une mesure désormais indispensable,cette dernière pourrait néanmoins être considérée très vite comme une mesure insuffisante.
En effet, les gouvernements d’Amérique du sud se coordonnent pour lutter contre le narcotrafic, avec l’œil bienveillant des USA, depuis bientôt 30 ans sans que cela n’ait donné des résultats significatifs.Les services de renseignement sud-américains, ainsi que les différentes instances de lutte contre le trafic se réunissent même de manière hebdomadaire, sans avancées notoires pour endiguer une partie du trafic.
Il faut dire que les enjeux économiques sont énormes. Depuis l’explosion de la cocaïne au début des années 80, la poudre blanche a réussi à se frayer les chemins les plus improbables pour arriver aux consommateurs. Historiquement, l’axe est d’abord sud-nord, pour accéder au marché américain alors en pleine expansion. L’on assiste alors à une lente mutation puis diversification des moyens d’acheminement des stupéfiants. A la traditionnelle voie de surface, se sont rapidement adjoint des moyens aériens puis maritimes, et avec le durcissement des moyens de contrôle américains, des tentatives ont même été enregistrées à travers l’utilisation de sous-marins.
A l’orée des années 90, un changement radical va s’opérer avec l’investissement massif d’une nouvelle route de la cocaïne et la mise en place d’un axe Bogotha-Golfe de Guinée-Europe. Profitant de la faiblesse de certains états, les grands cartels sud-américains ont réussi à toucher l’Europe à travers son point d’entrée le plus faible, qui est le flanc sud. La cocaïne va alors inonder les marchés européens, via des « mules » humaines, ou des moyens maritimes, mais va surtout créer un marché local en Afrique. La drogue des riches, qui était jusqu’alors réservée à une population plutôt urbaine et festive, va investir jusqu’aux bidonvilles les plus misérables d’Afrique, créant de nouvelles situations de précarité et favorisant des comportements extrêmes, ainsi que l’émergence d’un nouveau banditisme.
L’alliance entre les réseaux mafieux va même créer des transferts de savoir-faire et de compétences, à la manière d’une multinationale qui délocalise, et va permettre l’explosion des ventes d’armes légères dans la zone sub-saharienne. Comment une énième structure de coordination pourrait-elle donc enrayer une partie du trafic, et, surtout, cela aura-t-il un impact sur l’Afrique et le Sahel ? rien n’est moins sûr, car les seuls moyens qui semblent fonctionner pour tenter de lutter contre le narcotrafic sont basés sur l’assistance directe-notamment à travers la DEA américaine (Drug Enforcement Agency), qui dispose désormais d’agents et de moyens sur zone- ou encore à travers les aides données aux états, en nature ou en numéraire. C’est une véritable question de sécurité civile qui est posée désormais, car le trafic de drogue a permis l’émergence de bandes mafieuses désormais puissantes et parfois mieux équipées que certaines armées régulières d’Afrique subsaharienne.