Comme au football, les contre-attaques algériennes ne se font pas attendre, à l’image du feuilleton Algérie-Egypte. Pour l’Algérie, imposer son leadership dans la lutte anti-terroriste au Sahel est désormais devenu un enjeu de politique internationale, avec un système à triple détente. Premier volet, s’assurer que les états bordant l’espace sahélo-saharien ne doutent pas de la suprématie tactique de l’Algérie dans tout ce qui touche à la lutte contre Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), érigeant pour cela une « banque des faveurs », où celui qui montre sa divergence est immédiatement exclu. Second aspect, s’assurer que les doctrines française, américaines, ou tout simplement occidentales, ne viennent pas perturber le déroulement d’une tentative de prise de position stratégique cruciale pour les services de sécurité algérien.
Troisième volet, s’assurer que le rival de toujours, le Maroc, ne puisse s’ancrer dans la région comme partenaire incontournable de la lutte anti-terroriste. Pour ce faire, les services de sécurité algériens ont saisi une petite maladresse de la logistique militaire malienne pour accuser d’ »incompétence » toute l’armée malienne. Cette dernière est mise à l’index par l’Algérie, mais en réalité c’est tout le mali qu’une partie de l’Etat algérien cherche à ostraciser, avec une différenciation de prises de positions entre le Palais, dirigé par Abdelaziz Bouteflika, et l’armée. Petit rapple des faits : le 18 septembre, alors que des unités de l’armée mauritanienne-sous équipées- étaient en pleine bataille dans le désert malien, contre une Katiba (colonne) d’AQMI, un camion-citerne malien non escorté est parti de Tombouctou pour ravitailler les unités mauritaniennes. Le véhicule a été intercepté par des combattants d’ AQMI, qui l’ont siphonné avant d’y mettre le feu. L’armée mauritanienne aurait fait de mauvais calculs de ravitaillement, et s’est vu obligée d’appeler à sa rescousse les forces armées maliennes, compte tenu de leur proximité du champ de bataille. A la suite de cet incident, les services de sécurité algériens ont saisi cette opportunité pour reprocher à l’armée malienne son incompétence. En réalité cette histoire sert surtout de prétexte afin de rappeler à l’ordre le Mali voisin. N’ayant pas réussi à s’imposer dans la région du Maghreb Arabe, les Algériens grincent des dents pour imposer leur leadership dans l’espace sahélo-subsaharien. Une semaine après les confrontations entre l’armée mauritanienne et AQMI, le patron du DRS, Mohamed Médiène, alias « Toufik », aurait dépêché sur zone l’un de ses hommes de confiance, le colonel Ramtane Amari. L’officier s’est rendu au Niger et en Mauritanie, mais a « sauté » l’étape Malienne. Objectif: préparer un futur sommet anti-AQMI, qui s’est tenu non plus à Bamako, comme prévu initialement, mais en Algérie. Une manière de faire comprendre à Bamako que c’est par Alger que tout doit converger en matière de lutte contre le terrorisme. Or, lors du sommet arabo-africain à Syrte, les maliens ont fortement communiqué sur une séance de travail réunissant le président algérien, ainsi que ses homologues mauritaniens et maliens. Durant cette réunion, spécifiquement dédiée à la lutte anti-AQMI, Abdelaziz Bouteflika aurait pris le contre-pied de la stratégie du général « Toufik », assurant Amadou Toumani Touré de tout son soutien. Les deux présidents auraient décidé la mise en place d’un canal de communication « direct », afin d’éviter les « malentendus ». Sauf que ces derniers semblent s’empiler, l’Algérie ayant très mal accueilli la réunion d’experts du G8 qui se termine aujourd’hui à Bamako, la considérant comme la porte ouverte aux « ingérences étrangères dans la région ». Assistera-ton à une dégradation supplémentaire de la relation Alger-Bamako ?