Les otages algériens au Sahel au cœur d’un paradoxe stratégique

Après l’annonce par le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), de l’échec des négociations avec les autorités algériennes pour la libération des 7 diplomates détenus au Mali, celles-ci ont annoncé la poursuite des travaux du gouvernement sur la question. Cette déclaration, qui devrait un tant soit peu rassurer les familles des otages, a été faite samedi dernier par Amar Belani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Il a révélé que les travaux au sein de la cellule de crise créée à cet effet se poursuivent mais qu’ils seront désormais entourés du plus grand secret. Plus aucune déclaration ne devrait filtrer jusqu’à nouvel ordre, une discrétion et une confidentialité qui se veulent garantes du succès des travaux. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a profité de son allocution pour annoncer que l’Algérie, consciente de son influence dans la région, était déterminée à prendre part activement à la recherche des solutions des différents conflits qui secouent la région du Sahel.

C’est dans cette perspective que le ministre Abdelkader Messahel, chargé des affaires maghrébines et africaines et missi dominici du Président Bouteflika pour tout ce qui touche à l’Afrique, prendrait part à toutes les réunions du Conseil de paix et de sécurité et du Comité de suivi de l’Union Africaine et à celles de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) qui ont pour but de sortir le Mali de la crise. Selon plusieurs sources locale maliennes, le retard enregistré pour la libération des otages algériens serait du, en grande partie, à un différend « historique » entre Alger et le MUJAO, ainsi qu’à la qualité de certains des otages que les ravisseurs estiment être des hommes des services spéciaux algériens, le DRS. Paradoxalement, Alger est desservie par ses positions stratégiques antérieures, le MUJAO estimant que l’Algérie a fait preuve d’inconstance et de deux poids deux mesures dans ses positions vis-à-vis des mouvements qui traversent la région, dont beaucoup d’entre eux sont à l’origine algériens. D’autre part, certains experts expliquent le retard pris dans la libération des otages algériens par la ferme volonté algérienne de ne pas verser de rançon, s’alignant sur la doctrine américaine en la matière qui veut qu’aucun précédent ne soit créé et que l’on ne négocie pas avec les terroristes ». De surcroit, le conflit entre les deux Soudan et la question du Sahara Occidental sont deux autres crises sur lesquelles l’Algérie aurait l’intention de continuer à s’impliquer. Une position de « puissance régionale » que l’Algérie souhaite assumer et qui avait été soulignée par le désormais ancien président français Nicolas Sarkozy lors de son débat télévisé face à François Hollande.